Vendredi 13 octobre
Après avoir quitté nos amis, nous roulons jusqu’à Guerrero Negro. Nous voilà maintenant en Baja California Sud. Quelle surprise en entrant en ville, nous reconnaissons le camping-car de Manu et Sylvie, un couple croisé deux fois en juillet, sur Vancouver Island ! Je suis contente, nous n’avions pas eu le temps d’échanger beaucoup, et je n’aurais pas pensé les retrouver ici. Nous décidons bien vite de trouver un point pour bivouaquer et passer la soirée ensemble. Sauf que… la mécanique en a décidé autrement, et impossible de redémarrer notre camping-car : le moteur ne se lance pas. Nous avons de la chance, Manu s’y connaît plutôt bien en mécanique (il réalise tout l’entretien et les plus grosses interventions sur leur véhicule). Nous pensons directement au filtre carburant, suite à notre panne d’essence aux USA, que nous venions justement changer ici. Nous lui sortons le nouveau filtre, il le change, mais ça ne marche toujours pas. Pire, le carburant ne passe plus. Manu et Laurent essayent des trucs, ça ne marche pas, je vais finalement m’adresser à ce qui ressemble (ressemblait ??) à un garagiste ou du moins vendeur de produits pour véhicules. Et oui, pour ce que nous en avons vu au Mexique, pour le moment du moins, les garagistes ne sont pas forcément aussi bien identifiables qu’en France 😉 (à San Felipe, pour la vidange, nous avons repéré une maison avec dans la cour une voiture en réparation et une fosse de vidange). L’homme est très sympa, mais il parle bien vite ! Il regarde, essaye de bricoler un truc, puis nous dit qu’il va chercher un « spécialiste du diesel », qui débarque avec une mallette de détection électronique (ce n’est peut-être pas le bon terme). Il vérifie, aucun code d’erreur, puis il ne fera plus grand-chose et se contentera de regarder (et pourtant, c’est à lui que nous donnerons des sous, sur l’insistance du 1er , qui ne veut rien pour lui. J’espère qu’ils auront partagé ensuite). Ensuite, Manu et Laurent vérifient tous les fusibles, RAS de ce côté-là non plus. Puis les 2 garagistes bidouillent je ne sais quoi et on s’aperçoit que le filtre à gasoil avait mal été positionné, empêchant le passage du carburant, et enfin, le 1er type (toujours plus dégourdi), prend un bout de bois et une petite masse, et donne des coups dans le réservoir, et miracle, ça marche ! Il devait y avoir une cochonnerie, ou peut-être la pompe trop fatiguée (ils nous recommandent de la changer quand nous pourrons). En tout cas, efficace comme méthode 😉 .
Le jour baisse à toute allure, nous allons faire des courses puis nous posons enfin, près des marais salants de la ville (1ère industrie ici). Apéro bien mérité ! Nous passons une bonne soirée avec Manu et Sylvie, mais les soirées sont bien plus fraîches côté pacifique, et nous finissons dans leur camping-car pendant que les enfants mangent dans le nôtre. Il est tard quand nous couchons les enfants, mais pas grave, nous avons changé d’heure (et ne sommes « plus qu’à » -8h de la France).
Samedi 14 octobre
La nuit a été mouvementée ! C’était notre 1er soir de week-end en ville, je ne sais pas si c’est toujours/partout pareil, mais les voitures avec la musique à fond se sont succédées toute la nuit, que du bonheur !
Et puis j’allume mon téléphone… S’il y a une chose qu’on craint quand on voyage, c’est la mauvaise nouvelle. Et en voilà une bien vilaine qui tombe aujourd’hui : mon grand-oncle, le petit frère de Grand-mère, est mort cette nuit. C’était un homme que j’aimais beaucoup, pour lequel j’ai une grande admiration depuis toute petite, un instit à l’ancienne comme on aurait tous aimé avoir, et avec cet accent du sud-ouest que j’aime tant. Que c’est dur d’être loin de ses proches dans ces moments-là… Je pense très fort à eux, et vais rester en pensée avec ma famille les jours à venir… (et finalement, je dois avouer que cela facilite les choses d’être loin, ça permet de « faire l’autruche », de ne pas réaliser vraiment, de faire comme si rien ne s’était passé … comme pour le décès de Roselyne, la grand-cousine de Laurent, je crois qu’on va vraiment réaliser leur disparition quand nous serons rentrés en France. Et ça va faire mal).
Journée à Guerrero Negro, travail le matin, laverie avec un bon WiFi l’après-midi, ce qui nous permet de charger les photos, préparer les articles de blog, passer des commandes pour les livres scolaires des enfants (que Cyril nous apportera) et charger l’application Babbel pour travailler l’espagnol (appli conseillée par les Nomad, vraiment bien). Et gérer mails, whatsapp etc : c’est quand même utile internet… et trop rare ici !
Nous repartons pour le soir vers les marais salants, plus loin et plus au calme que la veille ! Les paysages sont très beaux (et les enfants me feront très justement remarquer que ça ressemble… aux prés salés de La Teste ou au parc ornithologique du Teich 😉 ), avec beaucoup d’oiseaux ! Nous les admirons et mettrons bien longtemps à rejoindre Sylvie et Manu 😉 .
Dimanche 15 octobre
Matinée travail, puis nous disons au revoir à Manu et Sylvie : ils vont descendre encore un peu la côte pacifique, nous retournons directement vers la Mer de Cortés. Il faut préciser qu’il n’y a pas grand choix pour les itinéraires ici : une grande route principale, qui descend du nord vers le sud en « zigzagant » un coup vers le Pacifique, un coup vers la Mer de Cortés.
En quittant la ville, nous croisons les Nomad, qui arrivent juste. On s’arrête discuter un peu, puis nous repartons chacun de notre côté. Les enfants (très heureux de se retrouver !) voulaient qu’on mange ensemble, mais il est encore bien tôt pour eux, qui viennent juste de changer de fuseau horaire 😉 .
Chaleur épouvantable sur la route… Pause déjeuner dans un petit resto sur le bord de la route, qui s’éternise car il y a là aussi du WiFi correct (on passe pour une famille de gros geeks 😉 ).
Passage d’un nouveau check-point militaire : je ne sais pas si c’est partout comme ça au Mexique, c’est notre 3ème ou 4ème en Baja. D’après ce qu’on a compris, c’est lié aux cartels de la drogue, qui remontent les marchandises vers les USA par la Baja. Bon, c’est pas bien violent pour nous, en général ils se cantonnent à monter dans le camping-car et jeter un œil dans quelques placards. Nous avons tellement entendu dire par les américains que le Mexique est trèèèès dangereux, c’est peut-être aussi pour rassurer les touristes (qui vont arriver en masse d’ici 2 semaines).
Nuit dans un camping au bord de l’eau … sur iOverlander, on parlait de baignade, quand on voit la couleur de l’eau et les abords, bof bof. Et nous allons passer une soirée horrible, avec des dizaines (ou centaines !) d’insectes qui envahissent le camping-car, malgré les moustiquaires.
Lundi 16 octobre au jeudi 19
Petite discussion avec un jeune couple germano-suisse (avec qui nous avions passé le check-point en même temps la veille), qui fait le voyage depuis Vancouver vers le Sud, en combi VW. J’ai dû le dire mille fois, je ne me lasse pas de ces rencontres et ces échanges. C’est vraiment l’un des aspects enthousiasmants et enrichissants du voyage que j’apprécie (et que je n’imaginais pas autant apprécier !).
École, puis après la mauvaise nuit et avec cette chaleur, nous n’avons qu’une envie : retrouver la plage. Passage par Santa Rosalia, petit village sympathique (où l’on peut admirer une église de … Gustave Eiffel ! On ne s’attendait pas à trouver des traces de la France ici 😉 ), puis nous atteignons Mulegé, petit village, courses, plein d’eau et laverie. Nous nous rendons ensuite à un point iOverlander gratuit à une dizaine de kilomètres, pas trop sûrs de notre coup, car aucun commentaire depuis sa création (donc le point peut ne plus exister, être payant, être inaccessible sans 4×4, etc). Nous y passerons 4 jours, notre plus long séjour à un endroit en Baja !
L’endroit est parfait, nous sommes seuls, au loin 2/3 maisons plus ou moins en construction, avec des paysages superbes tout autour, une mer transparente et chaude (nous ne pourrons plus nous baigner en France 😃), directement sur une plage (et gratuit ! Or il y a en Baja pas mal d’endroits où des mecs débarquent en demandant de l’argent, soit disant parce que c’est un camping ou sur un terrain leur appartenant, et difficile de savoir réellement). Nous trouvons une ancienne dalle carrelée (vestige d’une maison détruite par l’ouragan de 2014 qui a ravagé la ville ?), c’est le rêve : pas de risque d’ensablement (nous ne sommes plus avec nos amis NomadFamily pour nous sortir de là 😉 ), et aussi (surtout !) beaucoup beaucoup moins de sable dans le camping-car (parce que être en camping-car sur une plage, c’est passer le balai mille fois par jour !). Nous sommes on ne peut mieux installés, et passerons 4 jours super, à pouvoir faire l’école tranquille le matin (avec baignade pour la récrée), jeux, baignade, baignade, baignade. Juste un petit retour à Mulegé pour refaire les courses et le plein, et envoyer un mail aux Nomad et à la famille 6 en voyage, que nous avions croisé à Zion et qui vont être bientôt dans le secteur : ça serait chouette de se retrouver là… mais nous ne verrons arriver personne. Nous recroisons Manu et Sylvie, installés dans un camping : ils sont passés par la côte Pacifique, ça avait l’air très sympa ! Seul point négatif : nous sommes dévorés, dès le 2ème soir, par ce que nous pensons être des puces de sable. On dirait que j’ai la varicelle, et ça gratte ! Du coup, il nous faut manger avant la tombée de la nuit (à 7h) et vite se rentrer. Tout le monde se couche tôt, parfait, nous nous levons tôt pour travailler. Parce qu’ici aussi, il fait vite chaud (dès 8h !), et nous jouons avec l’ombre pour rester le moins possible au soleil. Nous passons aussi beaucoup de temps dans l’eau, et c’est ici qu’Ysée se décide à mettre la tête sous l’eau (en se bouchant le nez quand même) : elle va passer les jours suivants à s’éclater, d’abord avec juste lunettes puis elle tente le masque-tuba et s’émerveille des petits poissons, c’est trop chouette 😊 . Il y a encore également beaucoup d’oiseaux, et nous ne sommes pas encore lassés du spectacles des pélicans, frégates et autres balbusards pêcheurs 😉 . Une fois de plus, je me dis que nos enfants ont bien de la chance … (et nous aussi !).
Le vendredi 20, il faut nous résoudre à partir, sans avoir vu arriver nos amis. Je suis un peu triste, persuadée qu’ils sont derrière nous (sans échéance, ils prennent plus le temps d’avancer doucement) et regrette fort de ne pas les avoir revus ici, sûre et certaine que du coup nous ne pourrons nous revoir que dans quelques mois sur le continent… Il faut dire que, les uns comme les autres, nous n’avons un accès internet qu’en ville (dans le meilleur des cas), et que donc, s’ils se sont trouvés un super bivouac (comme nous) ils n’ont pas eu notre message leur proposant de venir nous rejoindre.
Nous prenons la route, direction un autre point iOverlander paradisiaque, conseillé par Sarah-Eve et Victor (que nous avions rencontrés à San Felipe). Les plages un peu au sud sont absolument fantastiques, des eaux turquoises de carte postale, des montagnes autour, vraiment superbes. Mais que des campings payants, et qui seront bientôt envahis par les américains. Les enfants sont scotchés aux fenêtres 😉 et nous demandent si nous pourrons aller sur des plages avec des eaux si limpides : sûrement, à un moment ou un autre dans les mois à venir, mais pas aujourd’hui.
Nos réserves d’eau sont presque à zéro, et nous n’avons plus que de quoi bricoler 2, 3 repas ; nous pensions trouver de quoi nous ravitailler en route : mais rien ! Nous passons devant le début de la piste pour aller au bivouac de rêve et comprenons qu’il nous faudrait faire encore 40 kilomètres pour atteindre la prochaine ville, puis les 40 kilomètres dans le sens inverse, tout ça sans être sûrs de pouvoir passer : nous renonçons, là encore le cœur un peu gros.
Nous arrivons à Loreto, qui d’après notre guide de voyage est une jolie petite ville, la première de la Baja et pendant longtemps le centre politique, militaire, religieux de toute les Californie, avant d’être remplacée par ce qui allait devenir la ville de Monterey, aux Etats-Unis, courant 18ème siècle. Capitale administrative de toute la Baja California, un ouragan l’a ravagé au 19ème siècle, provoquant le déplacement des administrations à La Paz, plus au sud de la péninsule. On y trouve également la plus ancienne mission, fondée en 1697 (oui, ça date !).
Qui dit arrivée en ville dit réseau, je capte mes mails et messages whatsapp, dont un des Nomad : ils ont eu un problème à régler et sont arrivés à … Loreto ! Ahlala quelle bonne nouvelle! ça sent la bonne soirée entre amis, me voilà toute ragaillardie 😉.
Courses, eau etc, puis nous partons vers le seul point de bivouac gratuit du coin : arrivés sur place, nous découvrons une plage de caillasse moche, avec préservatifs usagés (c’est bien, les mexicains se protègent 😉 ) , débris divers et verre éclaté partout. La mer est très agitée ici, et le fond tout trouble, Mathieu ressort tout sale de l’eau (un comble !). Dernier détail : nous sommes vendredi soir, et nous sentons bien l’endroit comme une lieu de sortie nocturne des locaux : aucune envie d’avoir une nuit avec plein d’allées et venues, de la musique à fond etc. Bref, un bivouac que nous ne sentons pas, nous ne restons pas ! En voyage, le ressenti compte beaucoup, c’est souvent que nous nous reposons sur notre instinct pour prendre une décision. Nous repartons vers la ville, essayant de trouver un camping, et finalement nous allons vers un petit resto un peu à l’écart : nous demandons à la patronne, elle est ok pour qu’on reste la nuit ici si on mange chez elle (c’est souvent le cas ici, échange de bons procédés). Il ne faut pas longtemps à Manue et moi pour dire OK, pas de repas à préparer ce soir, c’est parfait ! Nous prenons l’apéro, très bienvenue, entre nos 2 véhicules, puis allons dîner : Il n’y a personne d’autre que nous, les enfants peuvent donc s’en donner à cœur joie, courir, jouer, danser tant qu’ils veulent ; si les adultes sont ravis de s’être retrouvés, les enfants ne sont pas en reste ! C’est vraiment drôle comme souvent une journée qui commence « mal » (oui, bon, « mal » tout est relatif 😀 ) se termine très bien 😊 .
Nous visitons Loreto le lendemain : c’est une jolie petite ville, la mission est jolie et c’est amusant comme les représentations de la Vierge et de Jésus oscillent entre le kitsch et le sanglant. La religion semble très présente ici, de très nombreux autels sur les bords des routes, de grands tableaux ou sculptures chez les particuliers, mais rien à voir avec ce qui existe chez nous : ici, la religion n’est pas austère mais très colorée
Il est temps de repartir vers une plage déserte (ça nous manque déjà 😉 ) : direction rattlesnake playa , la plage des serpents à sonnette (heureusement, nous n’en verrons pas). C’est une plage avec, derrière une haie de brousailles, de très nombreux « emplacements » (enfin, des endroits où il y a assez de place pour se garer) de camping sauvage. Payant et avec plein de monde en pleine saison, pour l’instant il n’y a quelques places d’occupées. Je vous ai déjà parlé des snowbirds ? Il s’agit du surnom (oiseaux des neiges) donnés aux canadiens ou américains (USA) du nord, qui descendent, avec leur camping-car ou caravane, passer l’hiver au soleil (Floride, Mexique…), véritable phénomène de société ; ainsi, de novembre à avril, les lieux sont remplis d’américains. Nous avons de la chance de passer juste avant !
Nous passerons 2 nuits ici, à côté de Dan, un américain bien installé, qui donnera plein de bons conseils pêche à Laurent. Ce bivouac ne nous laissera pas un souvenir impérissable (c’est qu’on devient difficile 😊), mais nous sommes contents de passer du temps ensemble dans un endroit tranquille. La plage n’est pas aussi belle que d’autres, nous ne sommes pas directement dessus comme nous l’étions dans les précédentes places, mais les montagnes derrière nous sont magnifiques, et les levers de soleil assez fascinants (oui, on se réveille très/trop tôt). Et Ysée se fait une vilaine coupure sous le pied, qui aurait peut-être nécessité des points, mais nous sommes loin de tout et des strips font bien l’affaire (heureusement elle cicatrise vite : 10 jours après c’est bon, mais il aura fallu refaire les strips et pansements très souvent : le sable et la mer ne sont pas super propices à une cicatrisation propre et rapide !!).
Wow, we learned so much about seeing friends, fully agreed with you about feeling, and secluded spots
. Didn’t realize these places full up with snowbirds, so then overall the areas should be pretty safe most of the time. Good to know, thanks for the wealth of knowledge, and the nomad blog link. Now it’s of to bed finally!