Petit point Géographie (parce que, je dois l’avouer, je n’étais pas super au point sur la géographie du Mexique avant de me pencher sérieusement sur la question 😉 ).
Si tout le monde connaît le Mexique mainland (continental? Voilà que je suis comme JC Vandamme et que je peine à trouver les mots en français 😀 ), la Baja California est peu connue. C’est une très longue péninsule, la seconde plus longue de la planète (de mémoire, 1 500 kilomètres du nord au sud). Plutôt étroite (de 250 km à 40 km), elle est séparée du continent par la Mer de Cortés, ou Golfe de Californie. Il y a des millions d’années, la Baja était accolée au continent, mais le jeu des plaques tectoniques les a séparé, et continue de les éloigner de 4 à 5 centimètres par an: dans 1 million d’années, la Baja devrait être une île 😉 . Montagneuse (et en grande partie inhabitée) en son centre, elle est donc bordée par l’Océan Pacifique d’un côté et la Mer de Cortés de l’autre, laissant le choix entre 2 types de plages. Climat chaud et aride, désertique au nord, végétation de cactus et de broussailles pour l’essentiel (pour ce que nous en avons vu, en montagne se trouvent des arbres tels que pins et chênes). Assez peu peuplée, envahie par les nord-américains (Canada/USA) de novembre à mars/avril.
Nous avons quitté les USA pour le Mexique le lundi 2 octobre, 5 mois après notre arrivée à New York. Passage de frontière à Mexicali : nous avions prévu de passer par Tijuana (la frontière la plus « passée » au monde) ou Tecate, mais nous avons finalement opté pour un passage plus à l’est : nos amis de la NomadFamily, qui nous ont précédé au Mexique d’une semaine, sont sur la Mer de Cortès, moins venteuse et avec moins de vagues que la côte Pacifique. Ils nous envoient quelques photos de leur bivouac sur la plage pour nous allécher, et ça marche 😉 .
Aucun problème pour le passage de frontière des USA vers le Mexique (le contraire nous aurait étonné), l’agente aux frontières parle très bien anglais et ne vérifie rien. Passage au bureau de l’administration pour obtenir les permis touristiques, et là c’est une autre paire de manches, un vieux mexicain moustachu (et qui parle dans sa moustache), très sympathique au demeurant mais qui ne parle pas un mot d’anglais, et dont j’ai beaucoup de mal à comprendre l’espagnol ! Il nous faut également acquérir le permis d’importation temporaire du véhicule, nous avons le plus grand mal à comprendre où, et nous n’avons plus internet pour nous aider. Trouvant enfin le (la ?) banjercito, et voyant la loooongue file de voitures qui font la queue, nous renonçons à le demander ici : il n’est pas obligatoire pour circuler sur la Baja California, nous pourrons l’obtenir avant de prendre le ferry pour rejoindre le continent, à La Paz.
Achat d’une carte telcel pour avoir de la data, petites courses. C’est folklorique le Mexique ! Le contraste est assez incroyable, comment peut-il y avoir tant de différences sur si peu de distance, juste une frontière et c’est un monde totalement différent qui s’offre à nous. La ville de Mexicali est poussiéreuse, avec tellement de maisons (ou bâtiments) en ruine, inachevés, qui ne ressemblent plus à rien. Nous apprendrons plus tard qu’un tremblement de terre a durement touché cette ville il y a quelques années. Contraste aussi au niveau des voitures, les rutilantes voitures neuves et luxueuses des USA sont déjà un lointain souvenir ! Et l’ambiance aussi n’a rien à voir : si nous n’avons pas croisé un américain nous mettant en garde contre l’insécurité au Mexique, nous nous y sentons plutôt bien et pensons déjà nous y plaire. Cela nous rappelle le Maroc.
Nous roulons et retrouvons nos amis, sur une plage au nord de San Felipe : personne à l’horizon, paysage magnifique, température de l’eau idéale, amis, que demander de mieux ? Nous y passerons 3 nuits, tranquillement, ça fait tellement de bien de se poser et de se laisser vivre (en faisant école quand même), après les mois à courir les kilomètres aux USA. Une petite incursion à San Felipe, toute petite ville, pour trouver une assurance camping-car, un petit « resto » (quel plaisir de ne pas cuisiner, vu les prix, on va pouvoir se le permettre plus souvent !), passage chez la coiffeuse pour Mathieu (3€50 , qui dit mieux ? Bon, il n’est pas aussi bien coiffé que quand il sort de chez notre coiffeuse, coucou toute l’équipe de Aimi Aco 😉 ). C’est tellement dépaysant !
L’anniversaire de Léya, la fille aînée des nomad, étant le 12, nous décidons de faire route ensemble jusque-là. C’est drôle, avant d’être sur la route, je ne me projetais pas du tout à voyager avec une autre famille, mais finalement c’est si agréable 😊 . Nous nous entendons vraiment bien, être à plusieurs rend le voyage plus facile, les petites galères moins désagréables, que du positif ! Et c’est amusant comme très vite, nous avons l’impression de nous connaître depuis longtemps 😊 . Le début d’une amitié qui devrait durer. Quel plaisir de passer des heures à papoter entre adultes pendant que les enfants s’inventent des aventures, sur le sable ou dans l’eau … J’adore les voir en extérieur, plein de sel et de sable, un peu crasseux mais heureux ! Seul souci de ces jours : Flora se fait piquer au pied par une raie, et elle a bien mal. Le lendemain, c’est au tour d’Alex (qui nous confirme que ça fait vraiment mal), et ça dissuade un peu d’aller mettre les pieds dans l’eau (dire que ne voulais acheter des chaussons nautiques…).
Le 5 octobre, après 3 nuits à San Felipe, nous descendons un tout petit peu (les kilomètres paraissent bien plus longs au Mexique 😉 ) et trouvons un camping (qui ne ressemble pas vraiment à un camping, mais il y a quand même des douches, froides, et des toilettes), directement sur la plage, où nous sommes seuls et où nous resterons 2 jours. Nous y sommes bien, les pieds dans le sable, il y a un petit bassin naturel d’eau juste devant nous, et des auvents, parfaits pour manger et travailler dehors. Les enfants profitent à fond de l’eau, nous les faisons maintenant travailler après le déjeuner, aux heures trop chaudes pour ne serait-ce qu’envisager se mettre au soleil. Parce qu’il fait chaud au Mexique, très chaud.
Nous décidons de continuer à descendre la côte est de la Baja, même s’il faudra affronter des kilomètres de piste. Petit passage par la Vallée de los Gigantes, des cactus géants (bon, finalement nous en verrons d’aussi grands plus tard, sur les bords des routes), et nous arrêtons pour une nuit à Punta final (je ne vous précise plus que c’est sur une plage ?). Laurent et Alex tentent tout pour nous rapporter des poissons depuis plusieurs jours, en vain, des américains venus pêcher pour la journée auront pitié et nous en offriront le lendemain 😊 . Premier ensablement pour nous, mais le Land rover des nomad va nous tirer sans difficulté de ce mauvais pas 😉 . Nous voilà partis pour atteindre Bahia de Los Angeles, une baie réputée pour ses requins baleines, mais ça se mérite, et les kilomètres de piste sont des plus désagréables (horribles vibrations, poussière qui s’infiltre partout, trous à éviter de toute part, un vrai bonheur) ; nous sommes dans une région désertique, avec des montagnes pelées, des cactus et autre végétation desséchée à perte de vue. Et nous expérimentons la vraie soif : entre la chaleur et la poussière, nous buvons des litres d’eau, en nous sentant toujours aussi déshydratés. Pause pour la nuit chez Coco : une buvette (enfin, buvette, on y trouve de la bière et des bouteilles d’eau) au milieu de nulle part (mais vraiment nulle part, juste sur le bord de la piste, loin de toute ville), tenue par un homme amputé des jambes en-dessous des genoux (= penser à prévenir les jeunes enfants AVANT, cela évitera qu’ils ne restent bloqués à le regarder bizarrement 😉 ).
Encore un lieu très… spécial, avec ses murs et son plafond décorés de nombreux caleçons, strings, culottes ou encore soutien-gorges, tous dédicacés par leur précédent possesseur. En échange de l’achat de quelques bières et bouteilles d’eau, il nous autorise à rester la nuit sur son parking, et fera la joie de Léya et Mathieu en les promenant dans le désert sur son quad (où sont passés tous mes principes de prudence et de sécurité routière ?? restés de l’autre côté de la frontière je crois !). Pendant ce temps, Ewen et Ysée, que nous laissions tranquillement jouer sur le grand terrain, font la rencontre d’un serpent à sonnettes… hum hum, je suis zen…
Un couple d’américains voyageant à moto est également ici pour la nuit. Même projet de voyage que nous, très sympathiques : nous les invitons à partager notre repas, les bons poissons (offerts par leurs compatriotes, ça n’est que justice de les partager avec eux 😉 ) cuits au barbecue. Nous passons une très bonne soirée, cela faisait longtemps que nous n’avions pas échangé avec d’autres voyageurs.
Après encore quelques kilomètres de mauvaise piste (et un petit tractage par Alex, dans une montée sableuse, qui n’était peut-être pas nécessaire mais il faut bien tester tous les accessoires du Land 😉 ), nous atteignons Bahia de Los Angeles. Nous pensions trouver un petit village, et il n’y a en fait vraiment pas grand-chose : 3 pauvres magasins (et encore, magasin est un bien grand mot) où nous peinons à trouver ce qu’il nous faut, pas de distributeur de billets (et il nous reste plus beaucoup d’argent liquide. Or, tout le monde n’accepte pas les cartes bancaires ici). Et comme dans tous les endroits traversés jusqu’à présent, tout nous paraît plus ou moins eu ruine ou à l’abandon. Autre motif d’étonnement, ici comme ailleurs seule la route principale est bitumée, toutes les autres rues (ruelles, impasses) étant de sable. Cela participe à l’impression d’abandon.
Nous y faisons la rencontre de Sarah-Eve et Victor, un couple franco-québécois, parti de Montréal pour aller jusqu’à… comme nous, ils ne le savent pas encore. Ils se sont arrêtés (forcément, 2 véhicules français, ça attire l’œil ici), et nous déjeunons tous ensemble, le temps de parler voyage et projets 😊 .
Nous allons bivouaquer sur une plage (point iOverlander La Gringa), nous installant près d’une vieille maisonnette abandonnée : parfait, nous serons bien sur la terrasse et sous l’auvent ! Seul point négatif : beaucoup de vent, même si nous sommes un peu protégés par les véhicules. Ecole, snorkeling, baignade, le temps passe comme il se doit, et c’est très bien comme ça. Le soleil se lève très tôt ici, et se couche tôt, nous nous réglons dessus (et c’est dur pour moi 😉 ) : tout le monde est au lit avant 20h (et levé à 6/7h arggg). Nous profitons de l’incroyable ciel étoilé (pas de pollution lumineuse ici !), et assistons à un lever de lune sur la mer à couper le souffle. La nature est si belle…
Au 2ème matin, nous nous réveillons avec beaucoup d’abeilles dans la salle de bain. Pas de panique au début, mais au fur et à mesure de la matinée, c’est une véritable invasion, effrayant ! Elles sont totalement assoiffées et ont pris possession de la salle de bain, de l’évier de la cuisine, et de la moindre source d’humidité (maillots qui sèchent, etc.). Nous décidons de lever le camp, et il était plus que temps, Lou puis Ysée ont été piquées.
Nous restons sur le secteur de la Gringa, et trouvons un autre emplacement un peu plus loin : parfait, la vue est encore plus belle. C’est d’ici que Sarah et Victor nous ont dit avoir vu des baleines, mais nous n’en verrons pas.
Jeudi 12 octobre, c’est l’anniversaire de Léya, et pour fêter dignement ses 9 ans, nous faisons une sortie en bateau pour voir et nager avec des requins baleines ! Grosse excitation générale 😉 . Arrivés chez l’organisateur du tour, nous grimpons dans le bateau, monté sur la remorque, et nous allons traverser le village comme ça : les règles de sécurité ne sont pas les mêmes qu’en France 😉 . Une fois sur l’eau, nous réalisons qu’il n’y a pas le moindre gilet de sauvetage, aucun dispositif de prévu (malgré la présence de jeunes enfants ne sachant pas nager) : les règles de sécurité ne sont VRAIMENT pas les mêmes qu’en France 😃 . La balade en mer est bien agréable, dans ce petit bateau bleu et blanc à fond plat. Notre pilote nous emmène voir les îles alentours, une première pause baignade avec des otaries (je ne suis pas rassurée, ces bêtes ne sont pas réputées particulièrement cools), passage dans une belle crique, et nous arrivons enfin, à la demande générale, dans la baie des requins baleines. Trouver le 1er est difficile, nous craignons même un instant de repartir bredouilles, mais enfin un aileron sort de l’eau, et l’enthousiasme nous gagne : c’est si impressionnant de voir des requins de cette taille ( ce sont juste les plus gros poissons du monde, entre 4 et 14 mètres quand même), juste à côté du bateau. Les 1ers plongeurs sautent à l’eau (on ne peut y aller que par groupe de 4) mais reviennent vite un peu déçus : ce sont des animaux qui se déplacent bien plus vite qu’on ne le croyait, et celui-ci a eu vite fait de les semer. Mais très vite, nous en voyions d’autres, encore mieux, et nous avons maintenant compris qu’il faut aller vite, et ceux restés sur le bateau indiquent aux plongeurs où aller. Ce sont des moments extraordinaires, un rêve qui se réalise pour Laurent (et pour Alex), et nous nous sentons bien chanceux ! La matinée file vite, plusieurs plongées et retour sur la terre ferme. Les enfants sont épuisés par ce lever encore plus matinal que les autres, ces heures passées au soleil sur le bateau, et par toutes ces émotions ! Après le déjeuner au restaurant, nous repartons chercher un bivouac plus près de cette baie, espérant y trouver des requins baleines pas trop loin du rivage, mais la mer est trop agitée dans l’après-midi, et nous ne verrons passer que des coyotes (que nous entendrons durant la nuit).
Vendredi 13 octobre, nous quittons (momentanément ! Nous comptons bien refaire un bout de route ensemble plus tard) la NomadFamily (pour ceux qui ont le temps, allez voir leur site, www.nomadfamily.org, leurs vidéos sont superbes !) (c’est malin je veux une gopro et un drone maintenant 😃 ). Cyril et son amie Anita viennent nous rejoindre en novembre au Mexique 😊 , et il va nous falloir descendre la Baja sans trop traîner et aller sur le continent pour les retrouver.
Pour découvrir leur vidéo de la Baja et des requins baleine (et nous voir un peu 😉 ), c’est par ici :
https://www.nomadfamily.org/mexique
Wonderful knowledge gained on where to go, what to do… And how to do very little! 🙂