Article écrit dans les premières semaines de notre voyage mais non publié.
Nous prenons nos marques petit à petit, même si, jusqu’à présent, chaque jour diffère du précédent. Difficile d’établir une routine.
La 1ère impression c’est que… nous n’avons le temps de rien ! Je n’aurais pas imaginé que ça serait à ce point !! Voyager en famille en camping-car, c’est être toujours occupé, que ce soit pour la gestion de la vie courante, l’entretien du véhicule ou ce qui s’y rattache, ou encore les sollicitations quasi permanentes de l’un ou l’autre des enfants (sans parler de la tenue de nos carnets de route, de la gestion de nos affaires en France, etc.). Et le soir, nous sommes épuisés… Il nous faudra des vacances pour nous remettre de ces quelques mois 😃 .
La vie à 5 dans 10m², dans une maison roulante, c’est déjà ranger tout, et tout le temps. Ceux qui connaissent bien la famille ont le droit de rire 😉 , l’ordre n’étant pas notre qualité première (mais nous en avons d’autres, des qualités ! 😉 ). Heureusement, la cellule est bien conçue, l’espace optimisé en rangement, et nous avons ajouté des petits vide-poches et paniers, afin de garder à portée de main les affaires dont nous avons besoin au quotidien. Mais il suffit de très peu de temps pour que l’espace de vie soit totalement encombré… donc on range, on range, et puis on range.
A chaque départ, tout doit être à sa place, rangé ou fixé, placards, tiroirs et portes verrouillées. Le moindre déplacement nécessite toute une organisation, des vérifications (rien ne risque de valdinguer au 1er virage/coup de frein ?), et ne s’improvise pas en 2 minutes. Ainsi, impossible de « bouger » rapidement après le repas, il faut d’abord faire toute la vaisselle et le rangement dans la foulée. C’est tout bête mais nous avons l’impression de « perdre » beaucoup de temps. On ne peut pas se dire (comme nous avons peut-être trop tendance à le faire chez nous ?) qu’on le fera plus tard 😉. On se sent parfois bien à l’étroit dans ce petit espace, particulièrement au moment des repas et avant de se coucher (les lavages de dents et pipis du soir restent un grand moment de bousculade et d’embouteillage 😉 ).
Ensuite, il y a la gestion de l’eau : trouver de l’eau pour remplir les réservoirs, trouver où vider le réservoir des « eaux grises » (évacuation de l’évier, de la douche et du lavabo), et (surtout ?) trouver où vider la cassette des toilettes… Nous avons toujours réussi (plus ou moins facilement !) à remplir les réservoirs avant d’être à sec, je pense qu’on tient 3/4 jours (en étant peu regardant sur les douches 😉 ). Il faut vider les eaux grises un peu + souvent (forcément, 2 réservoirs eau propre contre un seul eaux grises…). Pour les toilettes, c’est 2 jours, 3 maximum (pour la 1ère fois de ma vie, j’encourage mes enfants à utiliser au max les toilettes publiques 😃), et croyez-moi, personne n’a envie de tester le débordement ! C’est une vraie difficulté, surtout au début du voyage, nous ne connaissons pas encore les trucs et astuces, les endroits où nous pouvons faire tout ça.
Il y a les courses à faire, tous les 2/3 jours environ (peu de place pour stocker), et ça aussi nous prend toujours plus de temps qu’en France ! Déjà, il faut trouver le magasin où aller, et pouvoir s’y garer (pas toujours évident vu notre gabarit. Et puis, entre se repérer dans un magasin inconnu (et aux usa, ils ne sont pas du tout organisés comme en France. Nous avons d’ailleurs l’impression qu’ils ne sont pas du tout organisés) comprendre les étiquettes (et ici, je les lis encore plus qu’en France !), et découvrir tous les produits qu’on ne trouve pas en France, chaque fois c’est un peu l’épreuve. Surtout si nous avons le malheur d’y aller tous ensemble 😃 . Et là, je ne parle que de l’alimentaire, pour les chaussures, vêtements ou biens électroniques, nous ne savons toujours pas où aller 😉 .
Les kilomètres qui s’enchaînent sont parfois pénibles, surtout pour notre petite de 5 ans, et nous essayons de ménager des pauses régulièrement : ils ont besoin de se défouler et dès que nous ouvrons les portes, tout le monde est dehors. Une bonne astuce est de s’arrêter pour les repas près des aires de jeux : ils descendent et s’amusent, le temps que nous cuisinons puis rangeons. Pour ces premières semaines, ils s’occupent quand même relativement bien durant les temps de route, en lisant, jouant (jeux de société ou figurines pour Ysée), écoutant de la musique, et parfois travaillant. Nous n’avons pas encore utilisé les armes fatales : les écrans. On se garde ça sous le coude (ou pas !) pour la loooongue traversée vers l’ouest 😉 .
Mais le pire reste à venir, ce qui nous prend du temps, de l’énergie, et pour lequel il me faudrait plus de patience : le travail scolaire… Je n’avais pas anticipé que ça serait si difficile avec Flora, étant donné qu’elle travaille bien au collège, de manière totalement autonome depuis plusieurs années, avec de très bons résultats. Nous avons laissé les cours de côté les 1ères semaines, trop pris par les visites de la famille en France, puis de NY et Washington, mais il a bien fallu s’y mettre au bout d’un moment. Beaucoup de disputes et de colères, pas évident de se positionner en tant que professeur pour son enfant (enfin, pour moi, certains y arrivent très bien). Nous cherchons encore la meilleure façon de faire possible, et c’est toujours difficile avec Flora : par moment je crains réellement qu’elle n’ait pas un bon niveau en rentrant. Mais après tout, ne plus avoir de très bonnes notes dans toutes les matières et les félicitations du conseil de classe à chaque trimestre, serait-ce si grave ? Elle apprend également tant en voyageant, elle s’enrichit de mille expériences « non scolaires » …
Dernier point de la journée, et pas le moindre non plus : trouver où dormir. Nous avons fait le choix (comme beaucoup de voyageurs 😉 ) de ne pas aller dans les campings privés, chers et pas du tout dans notre état d’esprit aux USA. Alors il faut trouver un endroit où stationner, si possible sympa (parce que la solution de facilité mais pas super sympa, c’est le parking de Walmart : cette chaine de supermarchés, souvent ouverts 24h/24, autorisent le stationnement nocturne pour les RV (véhicules récréatifs). Souvent le dernier recours en cas de galère !). Diverses options, de l’endroit perdu en pleine nature (ce qu’on préfère of course) au parking de bibliothèque ou d’église, mais sur la côte est ça n’est pas évident de trouver, et parfois avec le risque de se faire gentiment réveiller au milieu de la nuit par des policiers qui demandent gentiment (avec la Maglite dans les yeux) d’aller dormir ailleurs… Il faut savoir que la délation marche pas mal ici, et que certaines personnes bien intentionnées aiment passer le temps en appelant les autorités pour signaler tout ce qui les dérange (ou pas d’ailleurs).
Le bilan 5 mois plus tard
Une fois le mauvais temps de la côte Est quitté, nous avons pu profiter encore plus de l’extérieur, et ne rester dans le camping-car presque uniquement pour rouler, cuisiner, travailler ou dormir. Nous avons mis environ un mois, un mois et demi avant de réellement trouver notre rythme de croisière, notre organisation, nous permettant d’être tous plus sereins (beaucoup plus sereins !). Et après avoir échangé avec d’autres familles voyageuses, toutes nous ont confié avoir eu besoin d’un temps d’adaptation similaire. Cela correspond également pour nous au moment du voyage où nous avons atteint les premiers paysages si différents, si inédits pour les européens que nous sommes. L’impression, enfin, d’être réellement entrés dans le voyage et les découvertes.
Côté organisation, nous sommes rodés maintenant, même si c’est toujours aussi pesant (et là également, c’est très rassurant de voir que ce sentiment est partagé par d’autres 😉 ). Par exemple, j’aime cuisiner, mais pas ici, pas avec les contraintes matérielles et techniques du voyage (pas de place, peu d’ingrédients, économie d’eau et de vaisselle). Bilan, nous mangeons absolument toujours les mêmes repas (avec des pâtes une fois par jour, les enfants ne s’en plaignent pas). Idem pour la vaisselle, je sature totalement ! C’est aussi le fait de devoir rester enfermée pendant ce temps qui rend les choses désagréables (surtout quand il fait + de 30° à l’intérieur). J’étais très impatiente de passer au Mexique, où déjeuner le midi dans une taqueria coûte 5 fois moins cher (hier midi par exemple, nous avons mangé tous les 5 pour 11€ : nous allons pouvoir nous permettre de manger « à l’extérieur » plus régulièrement (aux USA/Canada, c’était pour les anniversaires ou dans quelques occasions exceptionnelles. Ah sauf quand mon père était avec nous, il nous a offert le resto à plusieurs reprises : le pauvre en avait trop marre de notre nourriture de camping-car 😃).
Beaucoup plus simple de trouver des bivouacs dans la moitié ouest, notamment avec l’aide de l’application iOverlander (une appli communautaire de partage des points intéressants/utiles quand on voyage), mais aussi parce que de plus grands espaces et une plus grande liberté (sauf en Californie). Nous n’avons pas hésité à passer des nuits dans des campgrounds des parcs nationaux (ou state park), souvent très rudimentaires et en pleine nature, pour des prix très modiques (pour les USA ; en général 20$ soit un peu moins de 20€). La gestion de l’eau est également devenue plus simple (même si là encore, la Californie s’est démarquée…). C’est devenu une tâche routinière de penser/anticiper, et nous avons aussi fait des progrès dans l’économie de l’eau (bon, parfois le manque de douche a été bien difficile).
Nous savons maintenant où faire nos courses, et allons relativement vite (facile, nous mangeons toujours la même chose, donc achetons toujours la même chose 😉 ). Nous essayons de faire les courses (et les laveries, autre activité qui prend du temps) sur les horaires de repas, ça permet de gagner du temps (ou de ne pas en perdre).
Côté scolarité, nous avons pris des vacances cet été, comme en France (contrairement à beaucoup de familles qui ont fait le choix de continuer le travail scolaire en juillet/août). C’était devenu tellement pesant, cela influait trop négativement sur notre voyage, mettant en péril le plaisir d’être ensemble, il fallait arrêter. La reprise a été bien tardive, « à cause » de nos visiteurs (mais on vous aime quand même 😉). Difficile en effet de dire à quelqu’un qui vient visiter une région sur un temps assez court que non désolé, ce matin on ne fait rien, on travaille la grammaire et les fractions 😉. Les temps de route ont également été des obstacles à un travail efficace (au début, nous avons essayé de les laisser travailler pendant que nous roulions, mais on s’aperçoit qu’ils ont besoin d’être plus ou moins supervisés, et surtout qu’il est quand même difficile de travailler en roulant). Maintenant, nous allons devoir mettre les bouchées double ! L’organisation est la suivante: on commence à travailler à 8h30, pour une demi-heure d’écriture carnet de voyage (dessin pour Ysée), pause en milieu de matinée (et baignade souvent à ce moment là 😉 ), puis re-travail jusqu’à l’heure du déjeuner. Prochaines vacances pendant la venue de Cyril et Anita, courant novembre.
Ils ne reviendront pas bi (ou tri)lingues, contrairement à ce que tout le monde assure : ils ont finalement eu assez peu d’échanges avec d’autres enfants anglophones, restant le plus souvent tous les 3 et se mêlant peu aux autres. Nous ne restions de toute façon jamais assez longtemps à un endroit pour réellement pour sympathiser (excepté avec nos boondockers, spécialement ceux de Chicago, Flora continuant de correspondre par mail avec leur fils aîné). Cela dit, sans s’en rendre compte, Flora a beaucoup appris, en étant à l’écoute de ce qui se disait autour d’elle (elle restait plus à écouter les adultes discuter), mais également grâce aux cahiers d’activités de Junior Ranger des parcs nationaux, pour lesquels elle s’astreignait (y passant parfois trop de temps au goût des parents, trop perfectionniste) à tout remplir, tout rédiger, malgré la difficulté pour une non-anglophone (et elle a été plusieurs fois chaleureusement félicitée pour son travail par les rangers !). Mathieu a également travaillé l’anglais par ce biais, et aura de bonnes bases pour attaquer l’anglais en 6ème à notre retour en France. Ysée sait dire son nom, son âge, quelques petites choses en plus, et nous verrons si elle en garde quelque chose. Tous les 3 reviendront enrichis de savoirs et d’expériences, dans des domaines très variés, et ont gagné en ouverture au monde et aux autres : que demander de mieux 😊 ?
Côté ambiance, tout le monde est maintenant bien et heureux de faire ce voyage. C’est pour Ysée que ça a été le plus long à se mettre en place, mais dès que nous avons vu les premiers grands animaux (bisons et ours surtout !), elle a aimé ! Pour elle, c’est maintenant intégré que nous vivons en voyage, elle se projette encore un peu à notre retour, mais pas tant que ça. Elle dit « à la maison » quand elle parle du camping-car 😉 . C’est Mathieu qui s’est le plus facilement adapté au voyage, et il aime plutôt les grands espaces, tandis que Flora apprécie et « profite » de tout, aussi bien les grandes villes que la nature. Elle, plus que les autres, réalise la chance que nous avons de voir et vivre tout ça (et elle s’imagine déjà partir à l’étranger pendant ses études 😉 , ou voyager comme sa tante Clara, misère de misère 😃). S’il y a toujours des disputes entre les enfants, des engueulades parents-enfants, je pense qu’il y en a maintenant moins qu’à la maison, dans la vie « normale ». Et il faut pourtant reconnaître qu’il est difficile de vivre 24h/24 les uns avec les autres, sans avoir de moment privé, loin des autres, comme c’est le cas dans la vie courante (école, travail, activités, nous avons tous notre « bulle »). Cela dit, je m’aperçois, en regardant en arrière, que les disputes et mauvais moments ne restent pas et sont vite oubliés finalement. Principal point de discorde : la participation des enfants, qui est clairement moindre en voyage… Mais soit ils travaillent, soit ils sont dehors et profitent de la vie en extérieur…
Entre les parents, le manque d’intimité est pesant, et nous nous sentons souvent « vampirisés » par les enfants et les contraintes. Mais nous sommes en phase sur le voyage, sur la façon de voyager, et nous voilà plus soudés qu’avant (avec une hâte : que les enfants soient grands et que nous puissions voyager tous les 2 😉 ). Je dois cependant avouer en avoir parfois réellement ras-le-bol d’être sur la route, être fatiguée de cette vie de nomade et de l’instabilité qui va avec, et aspirer à retrouver la vraie routine tranquille d’une vie sédentaire…. Mais cela passe en général vite, et la vie étant bien faite, il y a toujours quelque chose (bel endroit, animaux, ou rencontre avec d’autres voyageurs ! Cela me fait toujours aimer le voyage !) dans ces moments-là qui vient nous enchanter et me faire de nouveau aimer cette aventure 😊.
Et maintenant ?
Actuellement au Mexique, en Baja California. Nous ne savons pas de quoi les prochains mois seront faits, quel sera l’itinéraire. Nous avons surtout envie de ralentir la cadence, de nous accorder plus de temps à un même endroit, ce qui nous permet de mieux faire travailler les enfants et de plus profiter. L’idée que nous n’irons pas en Amérique du Sud a fait son chemin, même si j’ai eu beaucoup de mal à m’y résoudre ; le budget pour passer en Amérique du Sud est trop conséquent (cargo pour le camping-car, quasi le même montant que pour faire Europe-USA, + tous les frais associés d’hébergement, alimentation, avion pour 5 et autres). Les quelques mois sans aucun salaire passés en France avant de partir, l’achat et la préparation du camping-car, et toutes les dépenses afférentes au voyage avaient déjà bien trop entamé notre budget initial. De plus, nous n’avons plus envie de rouler comme des brutes, d’enchainer les kilomètres, et descendre en Amérique du Sud nous contraindrait à faire beaucoup de route pour atteindre l’Uruguay (voie de retour en Europe pour les véhicules) en trop peu de temps : nous tenons toujours à rentrer en France pour la rentrée 2018 (CP pour Ysée, 6ème pour Mathieu, 3ème pour Flora), et les enfants aimeraient être en France l’été prochain pour retrouver leurs amis et reprendre leurs marques. Alors nous allons prendre notre temps, certainement passer les 6 mois de permis touristique au Mexique, puis descendre l’Amérique Centrale tranquillement. Nous ne savons pas encore si nous ramènerons le camping-car ou non, notre préférence allant à une revente sur place à une famille qui aimerait faire le voyage inverse.
Toujours aussi passionnant les analyses et les réflexions d’Ade.
Vu d’ici on ne voit que les extraordinaires paysages traversés sans trop penser aux tracas de la vie quotidienne !!!
Mais que ça doit être merveilleux de pouvoir résoudre tous ces problèmes en famille avec finalement , je pense, moins de stress qu’en France.
Je crois que vous êtes tous les cinq dans une grande forme physique et morale.
Le Mexique va être un endroit rêvé pour prendre le temps .
Les photos de ce carnet dans le camping car sont très bonnes,mais celles de Baja California nous parviennent un peu floues!!
Je vais devoir revenir sur terre (préparer le repas) je vous fais de grosses bises à vous cinq.
je vais explorer le Blog car je crois que j’ai raté quelques petites choses .Bisous
Bravo. Good to see so much growth and learning, adjusting the routine, and yet some sadness at a bit let of the journey coming to a close. I will be reminding or writers to also check in on their peers! To bad that I’m reading this two months later, or would have sent more encouraging notes- here the routine is what we are trying to alter, so that we can not be bottled up without opportunities to experience and expand the mind and heart. On to the next entry, and adventure for the soul, living vicariously through your family Laurent and Adeline!
super interesant je t est connu aujourd hui a l ecole a guadalajara je pense que c est un super experience bonne chance