Moins de 2 semaines devant nous pour être à San Jose, Costa Rica, nous avons opté pour prendre une bonne semaine pour traverser le El Salvador, puis passer en une journée le Honduras et Nicaragua en quelques jours : le Honduras était assez tendu socialement ces derniers mois (mais nous pensons nous y arrêter un peu plus en remontant vers le Mexique), et nous passerons trois semaines au Nicaragua avec mon père en avril.
Pendant très longtemps, le El Salvador a eu une bien mauvaise réputation, pour la criminalité et la violence très présente dans ce pays (encore un dans lequel l’intervention des USA n’a pas été très heureuse…). C’est donc avec un peu d’appréhension que nous y entrons. Passage de frontière sans problème, même si plutôt long (et on s’apercevra par la suite que c’était de la rigolade), alors qu’il n’y pas personne d’autres que nous à passer à ce moment-là… Note pour plus tard : essayer de passer les frontières le dimanche. C’est aussi à la frontière que nous réalisons qu’il y a de nouveau une fuite dans le radiateur… on remplit au max de liquide de refroidissement, et nous repartons en espérant trouver rapidement un réparateur (il y a des « radiatores » un peu partout sur le bord des routes dans ces pays). Mais c’est dimanche, tout est fermé. Nous retirons de l’argent et sommes bien étonnés de découvrir que la monnaie du El Salvador a quasiment disparue, oubliée au profit du dollar américain ! Les liens entre USA et certains pays sont décidément bien étranges… Autre détail amusant : la campagne pour les élections locales et le très grand nombre d’affiches qui pullulent un peu partout, avec des photos assez kitsch à nos yeux : la pose avec chapeau de cowboy et les deux pouces levés semblent très à la mode (et très ridicules, il faut bien le dire 😃).
Pour le premier soir, nous allons bivouaquer près d’un lac, un peu loin de tout, mais les quelques habitants alentours sont très aimables et nous assurent que nous pouvons dormir ici sans problème. Laurent est fatigué par la conduite et a besoin de rester sans bouger le pied surélevé, je pars avec les enfants faire un loooong tour, bien plus long que prévu, et nous rentrons à la nuit tombée. Il fait bien chaud, j’espère que les températures vont baisser pendant la nuit (un peu).
Le lendemain, nous allons directement à la ville de Santa Ana, où nous trouvons un réparateur de radiateurs. Là encore, c’est différent de la France, et heureusement ! On ne nous dit pas de laisser le véhicule, qu’on nous enverra un devis, qu’il faudra accepter et que dans un certain temps les travaux seront réalisés. Ici, le chef nous dit d’attendre qu’il ait fini la voiture sur laquelle ils sont, et qu’ensuite il regardera. La journée va être longue, pendant un bon moment on ne sait pas s’ils vont pouvoir réparer, puis ils nous disent que le radiateur est très abîmé et que la réparation risque de ne pas tenir, et finalement ça semble OK et le chef nous assure que nous pouvons faire notre voyage tranquillement avec. Quelques péripéties plus tard (l’un d’eux pense que le ventilateur ne marche pas, et les revoilà tous penchés dessus), et nous pouvons repartir (après de longues discussions avec le personnel, pas toujours simples de se comprendre mais le plus jeune est bien motivé et utilise à fond google traduction pour échanger 😊). Il est tard quand nous quittons le garage, la nuit est tombée et il faut encore faire des courses, vider la cassette des toilettes, remplir d’eau. A la station-service, nous voyons passer 2 jeunes filles avec leurs énormes sacs à dos, visiblement en galère : nous leur faisons signe, elles sont hollandaises et ne savent pas comment aller dans le centre-ville. Nous les déposons à leur hôtel (là tout de suite, ça me donne super envie !! Pendant un moment dans la journée, j’ai bien cru que le camping-car ne serait pas prêt le soir et que nous devrions prendre une chambre d’hôtel… et ça n’était pas pour me déplaire), puis filons faire les courses, et sortons enfin de la ville pour rejoindre un point iOverlander un peu à l’écart. Mais vers 2h30 du matin, nous sommes réveillés par des coups frappés à la porte, des lampes torches bien puissantes dans les yeux et, après les questions d’usage, des flics qui nous disent que l’endroit est très très dangereux, qu’on peut rester ici mais que vraiment c’est très très dangereux, qu’il vaut mieux aller à la station-service… Bon, on n’est pas convaincus plus que ça, mais allons-y. Conclusion : les stations-service sont aussi bruyantes dans tous les pays !
Nous quittons la ville le lendemain, en empruntant la Ruta de las Flores (la route des fleurs), dans la zone de production de café. Et elle monte cette route ! Tant mieux, nous nous retrouvons plus au frais. Et les paysages sont magnifiques ! De l’autre côté de la route, en descente donc, nous pouvons voir d’étranges carioles de bois bricolées, qui permettent de transporter des fagots de bois : des hommes dévalent la pente à toute vitesse, au ras du sol, très impressionnant (et on se demande bien qu’elle est leur espérance de vie !!).
Après une belle pause dans une plantation de café (où les enfants vont s’éclater dans un labyrinthe) puis dans une jolie petite ville, nous avons envie de voir la mer et nous redescendons vers l’Océan Pacifique. Nous l’avions quitté en novembre, au Mexique, après le départ de Cyril et Anita, et sommes ravis de retrouver ses beaux rouleaux. Mais quelle chaleur… et il va falloir nous y habituer, ça n’est que le début…
Nous passons 2 nuits dans une sorte de camping (grand bout de terrain, avec quelques palmiers, le long de la plage, sans aucune commodité), et y revoyons par hasard Ludo, Manue et leurs enfants, une famille croisée à Flores. C’est, comme souvent, le manque d’eau et de nourriture qui nous pousse à partir.
Sur la route, loin de toute ville, un petit restaurant de bord de route surplombe l’Océan et offre un magnifique panorama : il est tard, nous nous y arrêtons. Claire, une française qui voyage à vélo, déjà croisée sur les routes, fait la pause avec nous et nous passons un très bon moment avec elle. Les tour-du-mondistes à vélo me fascinent, c’est une idée qui me trotte dans la tête alors j’aime bien prendre des renseignements 😉 (pour un prochain voyage peut-être ? 😊).
Pendant le repas, la serrure avant du camping-car, côté passager, est fracturée (la porte de la cellule est protégée par une sur-serrure, pas l’avant). Heureusement, nous avions avec nous nos téléphones, ainsi que l’appareil photo ; malheureusement (et je ne sais toujours pas pourquoi), j’avais laissé sur la banquette mon porte-monnaie, plein des dollars que nous avions retirés peu de temps avant. Heureusement, ils n’ont pas pris ma carte Visa, ni nos passeports ; malheureusement, ils ont pris la tablette de Flora (sur laquelle elle travaillait), notre vieil Ipad (première version, qui ne servait plus à grand-chose mais était plein des BD que les enfants lisaient pendant des heuuuures sur la route), l’appareil photo et la montre de Mathieu (drame). Heureusement, j’avais mis dans la soute nos ordis ; malheureusement, ils ont pris un ordinateur que nous devions rapporter à des voyageurs belges (ils l’avaient oublié à un camping où nous étions en même temps). Heureusement que Claire est avec nous à ce moment-là, car elle va nous avancer l’argent pour payer le restaurant (nous n’avions plus rien et le 1er distributeur de billets est à plus d’une heure de route). Et être avec un tiers, ça permet de mieux gérer ses réactions…
Bref, ça aurait largement pu être pire, nous aurions pu être volés sous la menace d’une arme, ils auraient pu nous prendre bien plus… mais cela reste une expérience très désagréable (placards et lits fouillés, tout retourné), les enfants ont malgré tout été assez choqués, nous également ☹. J’étais très en colère après coup, et je n’ai plus pris plaisir à être dans ce pays. Oui, je sais, il y a beaucoup de pauvreté au El Salvador, et nous débarquons avec toutes nos richesses…
Pour le soir même, nous nous réfugions dans une espèce de camping de bord de mer (plutôt un stationnement avec restauration), et le lendemain, suivant les conseils du gérant, nous allons voir la police pour signaler le vol : ils n’en ont visiblement pas grand-chose à faire, et nous disent que de toute façon, on ne les retrouvera pas. Certes, nous le savions, c’était juste histoire de le signaler.
Nous passerons les 3 dernières nuits dans ce pays dans un autre stationnement/restaurant/camping, sur la côte Pacifique toujours, à El Cuco : endroit assez sympa, avec même une piscine que nous serons les seuls à utiliser (Ysée progresse de jour en jour en natation 😊 ). Et ça fait du bien d’avoir des toilettes et une salle de bain propres, ainsi qu’un endroit où laver la vaisselle : quelques jours sans prise de tête par rapport à la gestion de l’eau et à la sécurité, sans avoir à tout remballer tout le temps, c’est exactement ce qu’il nous fallait pour digérer cette mésaventure.
Nous quittons le El Salvador le lundi 26 février. Nous avons décidé (comme de nombreux voyageurs) de traverser le Honduras dans la journée et de ne pas nous y arrêter, par manque de temps en ce qui nous concerne. Ce pays a été assez agité socialement jusqu’à il y a peu (suite à des élections plutôt… discutées), on fait donc souvent l’impasse sur ce pays. Passer le pays dans la journée permet aussi de ne pas avoir besoin d’y retirer de l’argent, de se faire à un nouveau change, etc etc.
Ce passage de frontières (sortie du El Salvador et entrée au Honduras) sera le plus éprouvant pour mes nerfs. Je ne saurais vous raconter toutes les étapes, ça serait trop long (et trop énervant pour moi 😉 ) : on a juste atteint des sommets d’absurdité (que personne ne critique l’administration française devant moi !), me faisant faire je ne sais combien d’allers-retours en tous sens. Le tout sous une chaleur absolument épouvantable. Pendant ce temps, Laurent, qui fait pitié avec sa botte et ses béquilles, attendait tranquillement dans un bureau climatisé 😃. Nous mettrons de nombreuses heures pour traverser la bande de 300 km avant d’atteindre le Nicaragua : la route n’est pas mauvaise, sauf sur les 40 derniers kilomètres, mais c’est très pénible à cause des températures qui atteignent des sommets dans le camping-car. La nuit tombe alors que nous passons au Nicaragua : il est tard, il n’y a personne et les employés des douanes ont autre chose à faire que nous faire perdre du temps, c’est parfait ! Nous passons notre première nuit dans ce pays dans un grand parking pour routiers, incapables d’aller plus loin pour aujourd’hui ! C’est à partir de ce moment-là que je commence à essayer de convaincre Laurent de repartir vers l’Europe depuis le Panama : aucune envie de retraverser ces frontières, surtout en sachant que la chaleur sera encore plus terrible dans 2 mois !!
Nous passerons relativement peu de temps au Nicaragua, car mon père nous y rejoint en avril et que nous aurons alors trois semaines pour le découvrir. Ça sera plutôt l’occasion de retrouvailles avec des voyageurs déjà croisés sur les routes 😊. Le premier jour, nous rejoignons Jérôme et Caro, sur la côte nord Pacifique : nous les avions brièvement croisés au sud de la Baja California et étions restés en contact par Facebook et le groupe des familles autour du monde ; Ysée est ravie de retrouver Ernest et Walter (surtout Ernest), avec qui elle s’était beaucoup amusée sur la plage de Balandra 😊. Ils ont loué une petite maison pour la semaine (ce qui donne très envie à toute la famille 😉), car voyageant en Land avec tente de toit, des petites pauses sédentaires ne sont pas de trop. Nous passons du bon temps, pouvons faire toutes les lessives en retard (pas de laverie depuis le Guatemala, il était temps ! J’avais fait quelques petites lessives à la main, mais les draps étaient vraiment sales…). Ils projettent de s’installer dans ce pays, et sont rejoints le soir même par un couple qui est dans la même idée : intéressant d’échanger avec eux autour de ça.
Le mercredi, c’est avec Sarah-Eve et Victor que nous avons rendez-vous. Nous avions partagé de très bons moments avec eux en Baja, et les enfants sont impatients de rencontrer Chuleta, la chienne qu’ils ont adopté en route 😉. Ils remontent vers le Québec, après être descendus jusqu’au Panama, et nous échangeons conseils et récits de voyage.
Nous passons dès le lendemain au Costa Rica : pas grand monde, et si la sortie du Nicaragua est un peu casse-pieds, l’entrée au Costa Rica est plutôt simple (comparé aux frontières précédentes).
Nous allons directement sur une plage à 1h de la frontière, dans une jolie baie, où il n’y a que quelques locaux et plein de place pour s’installer : l’eau du Pacifique y est très froide (et on ne sait toujours pas pourquoi) mais le cadre nous plaît beaucoup. Très tranquille, avec de beaux oiseaux, nous y sommes très bien. Les Escapade en famille nous rejoignent le lendemain, très sympa de les revoir. Il est ensuite temps de partir vers San José !