De l’Oregon à l’Utah et Salt Lake City, du 22 au 24 août

Mardi 22 août

Journée de route pas bien passionnante. Arrêt le midi dans la ville de Vale, typique petit bled paumé américain, où nous mangerons dans un dinner : on se croirait dans une vieille série télé (c’est amusant 😉 ). Laurent et papa se relayent au volant, jusque tard. Nous passons brièvement par le Nevada : et on ne peut pas rater une entrée dans cet état : quelque soit la frontière, on trouve très vite après une ville-casino, qui éclaire le ciel de tous ses néons. En l’occurrence, celle-ci s’appelle Jackpot, plutôt bien trouvé comme nom, non ?

Nous atteignons l’Utah, enfin, et allons vers un bivouac sur des terres administrées par le BLM (bureau of the land management), des terres publiques où tout le monde peut stationner. Il est tard, nous ne découvrirons les alentours que le lendemain au réveil, mais cela semble déjà prometteur. Et quel magnifique ciel étoilé….

Mercredi 23 août

Nous ouvrons les yeux sur un paysage difficile à décrire : aride, sableux, avec quelques rares arbustes bas et grillés. Papa appellerait ça la steppe, qui m’évoque plus des territoires froids de Russie 😉 . Derrière, des collines rocheuses, qui semblent être un beau terrain de jeux pour quads et autres véhicules du genre. Et nous sommes loin de tout, nous apercevons juste la route plus loin. Pas désagréable de se réveiller et de petit déjeuner ici 😉 .

Cet itinéraire n’était pas celui prévu au départ, nous ne voyions pas de raison de passer par ici ; mon père en avait une : la speedway de Bonneville. Quelqu’un connaît ? Nous n’en avions jamais entendu parler, mais les mordus de vitesse doivent savoir de quoi il s’agit : c’est une piste de vitesse mythique sur laquelle ont été plusieurs fois établis les records de vitesse terrestre (le dernier en date étant de + de 1 000km/h, avec un moteur-fusée !).

C’est surtout un désert de sel (salar), ancien lac asséché, offrant une surface totalement lisse et blanche. Tout le monde peut venir rouler dessus, il n’y a pas de tracé, c’est très étrange et déstabilisant, mais nous aimons tous beaucoup cet endroit ! Mon pauvre papa aurait certainement préféré l’emprunter au volant d’autre chose qu’un camping-car 😉 (notamment la mustang croisée, ou encore l’étrange véhicule caché dans une remorque, dont le propriétaire nous ouvrira la porte avec fierté : il a dépassé les 600 km/h avec cet engin !) , mais il en profite pour donner une première leçon de conduite à Flora et Mathieu 😊 . Je prends également le volant, et je déteste, trop perturbant de n’avoir aucun tracé, aucun repère, juste ce sol blanc à perte de vue 😉 . Merci papa de nous avoir fait faire le détour, ça en valait largement la peine ! Première fois que nous mettions les pieds sur un salar, et d’autant plus contents d’avoir pu le voir que nous sommes de moins en moins sûr de pouvoir aller jusqu’en Amérique du Sud, et ne verrons donc certainement pas le Salar d’Uyuni…

Nous repartons vers Salt Lake city, où nous nous mettons en quête d’un garage acceptant de nous changer les amortisseurs pneumatiques : beaucoup refusent, ils ne connaissent pas, cela ne les intéresse pas. Nous en trouvons finalement 2 qui acceptent et nous demandent de revenir demain matin à 7 et 8h, premier arrivé premier servi.

Nous passons la nuit sur les hauteurs de la ville, sur un parking de départ de pistes de ski, les montagnes sont magnifiques, nous regrettons de ne pas avoir le temps de faire une petite rando ici. Tiens, nous voilà encore dans une ancienne ville olympique, JO d’hiver de 2002 ! La vue sur la vallée est belle : c’est assez fou cette ville au milieu de nulle part, sur des terres qui paraissent si hostiles. Petite parenthèse Histoire : SLC est une ville fondée et essentiellement occupée par des Mormons encore aujourd’hui. Ces derniers s’y installèrent au milieu du 19^ème siècle, fuyant les persécutions religieuses et voulant pouvoir exercer leur culte comme ils l’entendaient. Ils trouvèrent à s’intaller ici, et dûrent apprivoiser cette nature hostile pour réussir à s’implanter. Désormais désignée comme Church of Jesus Christ of Latter-Day Saints (LDS) (et pas LSD) l’Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours a encore une grande influence au niveau de l’état.

Jeudi 24 août

Réveil pas assez matinal, et embouteillages pour arriver à Salt Lake, Laurent arrivera tard au garage… Avant cela, il nous dépose, papa, les enfants et moi, dans le centre historique. Le centre-ville de SLC est très trop carré, propre, cela donne une impression très artificielle, on se croirait à Disneyland… A noter, les avenues d’une largeur étonnante : 40 m. Elles ont été dessinées à la taille exacte pour permettre de faire demi-tour à un chariot tiré par 4 bœufs. Nous passons par le Temple Square Area, où se trouvent les principaux bâtiments mormons, très bien entretenus, très fleuris (nous avons bien apprécié cet aspect), mais cela manque de vie et de naturel tout ça. Après un petit déjeuner à La Boulangerie (où nous avions cru nous régaler de chocolatines et de croissants, et nous sommes retrouvés devant des viennoiseries jambon-fromage, quel sacrilège !), il fait déjà très chaud, nous recherchons l’ombre et un endroit où passer la matinée. Le choix est vite fait : public Library (bibliothèque municipale). Elle est magnifique (belle architecture extérieure et intérieure), immense, et donne envie d’y passer des jours entiers !

Les bibliothèques publiques en Amérique du Nord sont toujours une très bonne surprise, la moindre petite ville présente un grand choix, souvent dans des espaces très bien conçus ou aménagés. Ici, en plus des différents rayons selon les supports, des rangées de tables pour travailler, des écrans en consultation libre, il y a quelques espaces dédiés aux bébés et très jeunes enfants. Une initiative très intéressante : des « kits » thématiques sont présentés, un sac dans lequel sont regroupés des livres et autres supports (BD, CD, DVD, petits objets pour les plus jeunes) se rapportant à un thème donné, adaptés selon les âges (par exemple les couleurs ou les lettres pour les tout-petits, les animaux, une période de l’histoire, un pays spécifique, etc etc).

J’aime beaucoup cette idée, jamais vue personnellement en France, mais je sais qu’au moins une bibliothèque de région parisienne le fait, d’après une amie. Il faudra que nous en parlions à nos bibliothécaires préférées (coucou Cathy, Marie et Isabelle, si jamais vous nous lisez 😉 ). Nous y passons avec plaisir la matinée, Flora et Mathieu y écrivant leur journal de bord puis nous rejoignant pour la lecture. Il y a un beau rayon de livres en français (et plusieurs autres langues étrangères, européennes et asiatiques), le bonheur pour nos grands lecteurs 😉 . Et la climatisation n’est pas de trop 😉 .

Laurent nous récupère en début d’après-midi, il fait trop chaud et il est trop tard pour cuisiner, nous nous arrêtons manger dans un Applebee’s (Flora voulait y manger pour son anniversaire mais il n’y en avait pas là où nous étions).  Et c’est reparti pour un bon bout de route, direction Arches National Park. Arrêt pour la nuit dans le Green River State park (dont quelques 4 semaines après, quand j’écris ces lignes, je n’ai pas le moindre souvenir, c’est en relisant les notes des enfants que je trouve cette indication).