Vendredi 11 août
A notre retour aux USA, grosse pause d’écriture pour moi, je n’avais plus envie et/ou ne trouvais plus le temps pour. Nous sommes le 20 août au moment où j’écris ces mots, et avec mon père qui est avec nous pour 3 semaines, je crains que ça ne s’arrange pas…(et ça ne s’est vraiment pas arrangé, il m’aura fallu plusieurs semaines pour rattraper, tant bien que mal, le retard accumulé)
Nous sommes arrivés à Port Angeles, sur la Olympic Peninsula (rien à voir avec les JO), la pointe le plus au nord-ouest des USA (sans compter l’Alaska bien sûr). Entourée par la mer sur 3 côtés, tout le centre est occupé par le Olympic National Park, forêts et montagnes élevées, et très peu d’accès. On y trouve l’une des rares forêts humides tempérées sur Terre. C’est également une terre de bûcherons, fournissant une bonne partie du bois du pays.
Nous prenons une (longue !) route qui nous mène au Cape Flattery, tout au bout de la péninsule, route très sinueuse, ça monte, ça descend, ça donne mal au cœur. En arrivant, nous sommes étonnés de trouver tant de monde sur le parking, c’est si loin de tout ! Petite balade en forêt pour atteindre le bout de la pointe, nous sommes bien couverts et c’est tant mieux : il ne fait pas chaud dans cette forêt humide ! Le sentier est très sympa, assez sportif par moment, il faut faire attention où on met les pieds, nous y prenons beaucoup de plaisir à nous y promener. Flora est un peu déçue, il était indiqué, sur le panneau d’information à l’entrée du parking, que des cougars ont déjà été vus sur ce sentier, mais nous n’en voyons pas (mais cela ne m’étonne guère, il y a beaucoup de passage). Arrivée à la pointe, et ce sentiment toujours étrange d’être « au bout du monde » 😊. Des falaises, des paysages accidentés, des grottes où l’océan s’engouffre, des cormorans et bald eagles, c’est magnifique, nous en prenons plein les yeux.
Nous redescendons vers le sud en longeant plus ou moins la côte, et passons par la ville de Forks, où se déroulent les livres (et film) Twilight. Pas très intéressant pour nous, personne n’ayant lu les livres dans la famille (nous devons d’ailleurs être les seuls touristes ici dans ce cas 😃). Mais le panneau sur le visitor center « Fork, population 3 175 – vampires 8.5 » nous fait quand même sourire 😉 .
Samedi 12 août
Le lendemain, nous allons à Aberdeen, ville connue uniquement… des fans de Nirvana ! C’est en effet la ville où est né et a grandi Kurt Cobain. Laurent ayant été fan absolu de Nirvana dans les années 90, c’était un passage obligé pour lui 😉 . Malheureusement, il n’y a pas grand-chose à voir : sa maison de famille est occupée par des particuliers et il n’y a rien de spécial. Un tout petit parc, près d’un pont (qui apparaît dans la chanson « Something in the Way ») est vaguement dédié au chanteur mort, mais rien de bien passionnant. Finalement, le plus amusant est le panneau devant la maison qui jouxte le parc, écrit par des habitants qui semblent être un tantinet excédés par les indésirables 😉 .
Petite pause devant le panneau d’entrée de ville, avec le sous-titre « come as you are » (l’un des titres phares de Nirvana), où il y a une géocache : parfait, Laurent fait partir sa travelbug d’ici.
Nous arrivons ensuite à Olympia, capitale de l’état de Washington (et comme très souvent, ça n’est pas la plus grande ville qui est la capitale). Balade dans le centre et sur les quais du port, jolie ville qui nous semble bien agréable. Nous avons du mal à nous décider pour la suite, Laurent en a marre de conduire, nous atterrissons dans un très chouette state park au bord d’un lac, le Millersylvanian, il reste une place pour la nuit dans le campground, parfait ! Ça nous fait toujours du bien de faire une pause dans ces endroits-là. Nous descendons pour une petite baignade, nous prenons le temps, sommes bien installés, c’est ce qu’il nous fallait !
Dimanche 13 août
Le lendemain, nous avons des envies de nature avant d’aller à Seattle : direction le Mont St Helens. Célèbre volcan (stratovolcan, ça fait peur hein ?), considéré comme le plus dangereux des USA, même si endormi (mais pour combien de temps ?), et de sinistre réputation : la dernière éruption date de 1980, causant la mort d’une cinquantaine de personnes et provocant le plus grand glissement de terrain de l’Histoire. La violence de l’éruption était équivalente à la puissance de 1 500 bombes atomiques ! Le sommet de la montagne a été pulvérisé, faisant passer la hauteur de 2 950m à 2 550m. Le temps est exécrable, mais nous espérons qu’en montant ça va se lever. Raté. Dommage, entre la forêt renaissante, les vallées nouvelles et les versants recouverts de cendres volcaniques, le Lonely Planet nous promettait des paysages fascinants… Arrivés sur le parking menant à la plus belle vue sur le volcan, un brouillard terrible, nous ne voyons pas à 20 mètres par moment. Nous déjeunons dans le camping-car, mais c’est toujours pareil. Et finalement, alors que Laurent remet le moteur en marche et que nous nous apprêtons à partir, une éclaircie ! Hop tout le monde se chausse, et nous sortons, ouf ! Sur le site, nous essayons, avec les divers panneaux, de repérer le cratère et les dégâts occasionnés, pas évident avec toutes ces montagnes. Puis nous finissons par comprendre que si nous n’arrivons pas à voir le Mont Saint Helens, c’est tout simplement parce qu’il est encore caché par les nuages 😃. Nous faisons un bout de trail, observant les paysages modelés par les cendres et la lave, et nouveau coup de chance, les nuages se dégagent, et nous avons enfin une belle vue sur le cratère, assez impressionnant. C’est si fascinant d’observer le résultat des mouvements de la Terre, de prendre conscience de visu que ça bouge sous nos pieds…
Les visitor centers sont bien plus qu’un endroit où obtenir des plans et des conseils des rangers, on y trouve souvent un petit musée, une exposition, des panneaux ou vitrines explicatifs, et celui-ci est particulièrement intéressant, les enfants participent à une animation de Junior Ranger (et obtiennent un énième badge), nous assistons à la projection d’un film et apprenons tous beaucoup de choses 😊. La dernière éruption étant récente, elle est très bien documentée en photos et témoignages. Finalement, nous avons bien fait de rester !
Nous n’avons toujours pas de solution de stationnement pour Seattle, et envie de profiter encore un peu de la région : continuons sur les volcans et direction le Mont Rainier. Nous passons la nuit dans le campground du Ike Kinswa State park, où nous rencontrons Sébastien, un français qui y travaille, vivant aux USA depuis une dizaine d’années. Nous discutons un bon moment de choses et d’autres (il nous parle notamment de l’exploitation forestière intensive dans l’état de Washington, de la disparition des forêts primitives, des arbres génétiquement modifiés…), et il nous donne des conseils pour la suite du voyage. Lui aussi nous déconseille d’aller dans le Yucatan, devenu si touristique que cela gâche le plaisir. Nous verrons ! Pour l’instant, nous ne sommes vraiment pas décidés sur la suite de notre voyage, nous pensons passer au Mexique début octobre, mais pour la suite, Amérique du Sud ou pas, nous hésitons toujours. We’ll see !
Lundi 14 août
Après une matinée bien difficile (ça faisait longtemps), nous quittons le campground, et arrivons dans l’après-midi au Parc National du Mont Rainier, par l’entrée sud-est. Comme toujours, petit tour au visitor center, pour prendre les informations et les guides de rangers junior. Le livret d’activités remis aux enfants pour obtenir le fameux badge est également très instructif, nous allons être tous très calés sur les volcans maintenant 😉 .
Nous partons faire un petit trail, dans une forêt dense et très ancienne, Grove of the Patriarchs, et y finissons la journée : s’il y a beaucoup de monde au début, les sentiers se vident rapidement, nous ne sommes pas sur les mêmes horaires que les américains (et c’est tant mieux pour nos visites !). Encore une fois, nous nous extasions devant les merveilles de la nature, les arbres millénaires, et prenons plaisir à quitter les chemins trop encombrés.
Les campgrounds du parc affichent complet, mais pas de problème, nous avions repéré un point iOverlander pas trop loin, censé être ok pour les camping-cars… mais qui ne l’est pas du tout, comme nous allons nous en apercevoir… Il faut emprunter une route forestière qui monte, au début pas d’inquiétude, elle est goudronnée. Puis cela devient de la piste. Puis de la piste qui monte beaucoup, avec un sol glissant et des trous énormes. Nous renonçons à aller voir plus loin, et devons redescendre en marche arrière, pas de place pour un demi-tour. Mais le camping-car glisse vers l’arrière en travers, les roues patinent et malgré tous les efforts de Laurent, nous voilà avec l’arrière coincé dans des buissons. Laurent coupe les branches basses, je sangle les branches hautes et demande aux enfants de les retenir en arrière, on comble le trou sous la roue avec des cailloux et on arrive à le sortir de là, mais pour peu de temps, une mauvaise manœuvre nous bloquant de l’autre côté, cette fois complètement, la roue avant droite (une des 2 roues motrices) ne touchant plus le sol ! Ok, là on commence vraiment à s’inquiéter. Bien entendu, nous sommes dans une zone sans aucune couverture réseau, ça serait trop simple. Laurent redescend vers la route pour essayer de trouver de l’aide, 3 voitures passeront sans s’arrêter (et il n’y a pas grand monde qui passe par là), le 4ème stoppe enfin, et avec un pick-up, ouf ! Il monte et nous envisageons plusieurs scénarios possibles: il n’en revient pas que notre véhicule n’ait pas 4 roues motrices, qu’il soit à traction et non propulsion, boite manuelle et avec un « si petit » moteur 😉 . Bien sûr, nous n’avons pas encore acheté de sangle pouvant tracter nos 4 tonnes, ni tire-fort, ni plaques de désensablement…pourtant bien notés sur nos listes d’achat « à faire avant de partir » (mais que nous avions sans doute repoussés à plus tard). Finalement il passe devant, fait demi-tour (car son attache est sur l’avant de son pick-up) et nous attachons les 2 véhicules grâce à la grosse corde offerte par Alexis (merci Alexis, tu nous as sauvés !!), non sans la doubler car ça n’est qu’une corde et même comme ça nous avons peur qu’elle lâche. Je m’éloigne avec les enfants (si la corde craque, ça peut faire mal !), sous la protection des arbres (où nous avons d’ailleurs trouvé des restes d’animal, herbivore d’après la mâchoire, tous les prétextes sont bons pour découvrir la nature et exploiter ce que nous avons appris 😉 ). Rugissement du moteur, 1er essai en vain, mais au 2ème essai, il réussit à nous sortir de là et nous remettre dans l’axe ! Alleluia , je pourrais l’embrasser je crois ! La suite est facile, descente en marche arrière, Laurent n’a jamais été si heureux de trouver le bitume ! Nous remercions chaleureusement notre sauveur, qui nous dit qu’il aura quelque chose à raconter au boulot le lendemain 😉 . Pas le temps de lui demander ses coordonnées, il est en retard. Nos nerfs ont été mis à rude épreuve, la tension retombe, il est tard, nous filons vers le campground le plus proche !
Mardi 15 août
J’aimerais écrire qu’après les émotions de la veille, nous avons eu une bonne nuit de sommeil (Laurent s’est couché à 21h !), mais même pas, des souris nous l’ont pourrie (oui DES souris, au moins 3, au secours !!). Nous allons nous ressourcer dans la nature, en nous approchant au plus près du Mont Rainier. Nous partons très tôt, et comme toujours la lumière du petit matin embellit tout. Enfin les paysages n’ont pas besoin de ça, c’est éblouissant tout partout autour : nous sommes sur la bien nommée Paradise Road (route du Paradis) 😊 ! Nous grimpons, et pouvons voir de nombreux sommets, glaciers, j’adore ces endroits d’où on peut voir si loin, à quasi 360 degrés. Après une pause-petit déjeuner dans un cadre magnifique, nous arrivons au parking d’où partent de nombreuses randonnées ; à cette heure, il n’y a pas encore trop de monde. Nous découvrons (horrifiés !) qu’il y avait juste là un parking gratuit, ouvert au public, et permettant de stationner de nuit ! Si nous l’avions su, cela nous aurait évité bien des déboires ! Laurent l’indique aussitôt sur iOverlander, cela servira à d’autres. Nous attendons sagement l’ouverture du visitor center, pour avoir le plan des randos (le Wonderland trail, le plus difficile, fait le tour du Mont Rainier, 170 km, 10 à 12 jours de marche !), et choisissons notre trail. Au passage, hop, un nouveau badge ranger junior pour les enfants !
La balade commence, ça grimpe ça grimpe, et nous nous régalons des paysages ! Des prairies fleuries pour commencer, puis des arbres, de la roche, un lac, on ne s’ennuie pas. Et ce Mont Rainier qui culmine à , si beau et majestueux avec ses glaciers tout autour : l’image parfaite du mont enneigé! Vraiment magnifique, et qui paraît si inoffensif … pourtant, c’est l’un des endroits les plus surveillés des USA : sa proximité avec Seattle, le grand bassin de population tout proche le rend particulièrement dangereux, et les scientifiques redoutent un réveil de ce stratovolcan, considéré comme endormi mais encore actif, craignant principalement des coulées de boue géantes qui atteindraient sans doute les zones urbaines.
Nous entamons la descente, par un chemin moins fréquenté, et Ysée part devant, comme trop très souvent. Elle est stoppée un peu plus loin par des gens, dont un couple qui fait marche arrière en nous signalant la présence d’une maman ours et son petit, dans le creux tout près du chemin. Je rejoins Laurent, pensant que les ours étaient dans le creux un peu plus loin, mais ils sont tout près, et avancent parallèlement au sentier ! Impressionnant, mais pas de panique, il ne s’agirait pas d’affoler la maman (c’est l’une des situations les plus dangereuses, de croiser un ours qui voudrait protéger son petit). Nous restons donc prudemment sur le côté, je prends Ysée dans les bras (et me cache courageusement derrière un couple de touristes 😃), gardant toujours les yeux sur les ours mais sans bouger. C’est assez magique, l’ourson est absolument adorable et regarde très souvent de notre côté (et je croise les doigts pour qu’il ne lui vienne pas l’envie de nous voir de plus près), alors que la mère (ou le père) poursuit son chemin avec nonchalance. Nous les regardons s’éloigner, hésitant un moment à les suivre, mais il est plus prudent de redescendre.
Après cette belle rando, nous partons en direction de Seattle. Nous ne savons toujours pas où nous allons pouvoir dormir : il n’y a aucun endroit où passer la nuit dans cette agglomération, le 1er camping est loin et cher (et nous n’avons pas envie d’y aller), et la seule boondockeuse de la ville ne peut nous accueillir car elle est en travaux (dommage, elle était prof d’anglais, ça aurait pu nous être utile 😉 ) . Laurent échange quelques mails avec elle, elle nous donne quelques astuces mais nous confirme qu’avec un camping-car, ça va être impossible très compliqué dans Seattle. Elle nous conseille de nous garer loin de la ville, et d’aller nous garer en parking relais et prendre les transports en communs pour visiter durant la journée… cette solution ne nous enthousiasme pas, nous verrons (après coup, c’est amusant, j’ai l’impression que nous ne nous sommes pas trop inquiétés à ce sujet, comme si nous savions qu’une solution allait apparaître. Ce qui s’est confirmé par la suite !). Pour ce 1er soir, ça sera… roulement de tambour … parking de Walmart ! En lointaine banlieue, les magasins plus proches n’autorisant pas le stationnement de nuit (selon nos infos).
Pour le moment, notre priorité est le changement des pneus : ils étaient déjà bien usés, et nous avons laissé de la gomme sur les cailloux dans notre dernière mésaventure … le walmart étant situé en pleine zone commercial, nous repérons les garages les plus proches, pour y être dès l’ouverture le lendemain matin.
Wow I think that’s your first vehicle incident, glad it was minute. And so interesting to see you saying things that we have also learned… Walmart parking, try to find a solution without taking the obvious one of public transit, etc.