Vendredi 19 mai
Réveil, lessives, rangement, ménage et chargement du camping-car nous occupent la matinée. Il fait très très chaud.
C’est l’occasion d’une première « rencontre personnalisée » avec des policiers américains : nous étions stationnés devant sa maison, comme une voiture classique, mais du mauvais côté de la route, et le 1er policier passant par là a du prendre peur en voyant ce véhicule si étrange et cette plaque totalement inconnue. Nous le voyons tournicoter autour du véhicule, noter des trucs, appeler du renfort… et nous nous retrouvons avec 3 voitures de police autour de nous, garées de travers, avec les gyrophares, le grand jeu. Laurent présente les papiers (ils n’ont pas eu l’air bien avancés face à notre carte grise 😃 ), reste calme et explique tranquillement la situation, pendant que je souris en serrant les dents : tout ce remue-ménage m’agace au plus haut point mais je sais qu’il faut rester zen… Celui qui nous semble être le grand chef est bien plus sympa que le 1er, comprend que nous ne sommes pas d’affreux hors la loi voulant s’installer dans son pays, et il renvoie tout le monde, nous souhaite bon voyage, et on n’en parle plus !
Flora est avec Maria, qui enseigne le français et l’espagnol à de petits américains dans une école de langues (preschool). Nous passons la récupérer à l’école, et quittons mon amie. J’ai un peu de mal, je sais qu’après elle, nous ne reverrons pas d’amis (ou de famille) avant un bon moment, c’est un peu le dernier maillon avant de saut dans l’inconnu… Mais il faut bien se lancer, nous partons vers le nord, direction Providence.
Pour éviter les trop grosses routes (pas très agréables en cc) (au passage, les routes américaines sont dans un état lamentable, je n’aurais jamais cru ça possible ici, pays de la voiture), nous optons pour une route secondaire, mais 2 x 2 voies, pas toute petite non plus, et très vite nous arrivons à un pont bas, avec la hauteur en feet … Or bien sûr, nous ne connaissons encore que la hauteur en cm. Panique à bord, recherche en vitesse pour faire l’équivalence cm / feet, ouf, ça passe. Je précise qu’ici, la hauteur maxi n’est annoncée qu’au dernier moment, juste avant le pont, avec aucune échappatoire possible si véhicule trop haut, très pratique. Les ponts se multiplient, comme par hasard aucune sortie sur des miles et des miles. Dès que possible, nous nous extirpons de cette route de l’angoisse. Les enfants sont très énervés (auraient-ils légèrement ressenti la tension des parents), pause goûter dans un parc, ça fait du bien à tout le monde !
Notre 1er point de chute sera Silver Sand State park. Nous avons lu que la plupart des State Parks permettent le stationnement pour les RV (véhicules récréatifs), nous sommes confiants. En arrivant, nous voyons des panneaux « area closed at dusk » et autres dans le genre. Laurent continue d’y croire, il fait presque nuit et il y a encore beaucoup de monde (et accessoirement, ça semble impossible de fermer un endroit pareil, avec une plage et une si grande promenade), nous nous garons et allons nous promener sur la longue jetée. La nuit tombe, nous retournons au camping -car, et là nous entendons et voyons de l’agitation sur le site et sur le parking : il y a bien des gardes en train de faire vider les lieux, et pas les plus aimables qui soient. Heureusement, nous avions attendu un peu avant de lancer le repas. Nous lui faisons comprendre qu’il nous faut quelques minutes avant de pouvoir partir (à chaque déplacement, tout doit être rangé, placards et tiroirs verrouillés, rien qui puisse se promener), il s’impatiente. Nous repartons, nuit complète, et nous trouvons pas très loin un grand parking, un peu comme la veille, protégé par des arbres : garés tout au bout, nous ne dérangeons pas et ne sommes pas visibles. Il est bien tard pour ce premier soir, le temps de préparer le repas et tout le monde au lit.
Samedi 20 mai
Au réveil, nous repartons vers le site où nous étions la veille, pour y prendre le petit déjeuner et faire école aux enfants. C’est plus sympa que sur un parking 😉. Après les devoirs dans les cahiers, Laurent leur fera cours de sport en plein air. J’en profite pour aller me promener sur le bord de mer, il fait bien plus beau qu’hier, il y a une petite île accessible à pieds à marée basse, c’est très beau. J’aperçois également une presqu’île en face, et après vérification il s’agit de Long Island : je ne pensais pas qu’elle était si longue et remontait si loin vers le nord. Je suis heureuse de retrouver mon « élément »: la plage, la mer, le bruit, le vent, l’odeur de l’océan, ça me manquait déjà. Je risque de me répéter dans les mois à venir, mais vraiment, la mer (ou même lac, de l’eau quoi) m’est de plus en plus nécessaire et je ne m’imagine plus vivre loin…. (et là, je pense à mon amie Vanessa 🙂 ). La traversée est-ouest du continent va être difficile 😉
Après déjeuner, départ vers Mystic, mais il nous faut vider (et remplir) les réservoirs. Et ça n’est pas si simple, nous ne sommes pas encore familiers avec les possibilités de faire ici, et ne trouvons pour le faire que des « vrais » campings, avec toutes les commodités nécessaires (et même plus!). Après avoir fait 2 campings, avec une Ysée qui regarde avec envie les superbes aires de jeux (traduire: elle pleuuuure qu’elle veut y aller 😀 ), nous n’avons pas envie de nous prendre la tête et optons pour une nuit dans un camping, le temps de faire le point et de profiter des aménagements. Les enfants sont ravis, et j’avoue que c’est confortable. Les campings privés américains sont adaptés aux véhicules récréatifs (rv) américains: des emplacements immenses, avec table de pique-nique et feu de camp ou barbecue. Nous voyons de près ces fameux rv, qui sont des bus ou des caravanes immenses, avec extension(s) latérales(s), tous rutilants … Si nous en avions déjà vu en vidéo ou sur la route, c’est quand même bien plus impressionnant en vrai! Notre camping-car fait bien petit à côté 😉 .
Après de multiples recherches sur internet et échanges de messages avec le groupe google des voyageurs en Amérique du Nord, nous avançons enfin et trouvons des applis et des solutions pour résoudre les problèmes de bivouacs etc. Ainsi nous découvrons notamment le système de boondocking, qui met en relation des voyageurs en RV et des particuliers (souvent propriétaires de RV eux-même, mais pas toujours) proposant de la place (leur allée, jardin…) pour stationner une ou plusieurs nuits.
Dimanche 21 mai
Quel plaisir de commencer la journée au camping! Le cadre est vraiment agréable, il fait beau, nous pouvons utiliser les sanitaires, que demander de plus? 😉 ). Départ vers 11h, en même temps que la plupart des vacanciers… et il y a la queue pour partir, tout le monde s’arrête vider les cuves ! Nous faisons un petit détour et verrons ça plus tard (et nous le saurons pour la prochaine fois !)
Direction Providence, ou plutôt Exeter, où nous allons chez Claude, un ami de mon père. Pour l’anecdote, Claude est parti vivre aux USA fin juillet 1978, juste après ma naissance, et j’ai toujours entendu parler de lui comme « le copain des parents qui est venu leur dire au revoir à la maternité quand j’avais un jour ». Je ne l’ai (re)vu qu’une fois, il y a 2 ans, mais nous n’avions pas discuté. Le courant passe tout de suite très bien (ils sont sympas les copains de Papa !), et alors que nous avions prévu de ne rester que pour le déjeuner, nous convenons de rester manger le soir, afin de rencontrer Elisabeth, sa femme.
L’après-midi, nous partons découvrir la très jolie ville balnéaire de Newport. Il fait beau, nous empruntons des ponts pour y accéder, avec une vue magnifique sur des bras de mer et des îles tout autour : je me régale de tout ce soleil et cette mer ! La ville est très belle, avec des maisons magnifiques. Voire des villas grandioses dans Bellevue Avenue (la bien nommée), rue renommée de Newport, où les magnats et les riches familles du 19ème siècle rivalisèrent pour avoir la propriété la plus fastueuse. Des visites touristiques sont même organisées pour en visiter certaines, mais pas ce jour-là, dommage pour nous.
Retour chez Claude et Elisabeth, qui nous emmènent dans un restaurant typique, où nous dégusterons des homards (une première pour moi, et c’est délicieux). Elisabeth ne parlant que peu français (enfin, c’est ce qu’elle dit, je trouve qu’elle se débrouille bien !), la conversation se fera en anglais, ce que j’appréhende un peu. Nous passerons une très bonne soirée, je discute sans trop de difficultés avec Elisabeth, qui est absolument adorable (and funny !), mais je réalise qu’il faut que je travaille mon anglais (grammaire et conjugaison surtout… ah ces verbes irréguliers…). De retour à leur maison, Laurent et moi sommes invités à dormir dans leur chambre d’amis, laissant les enfants dormir seuls dans le camping-car. Même pas peur… (ou presque 😉 ). Que c’est bon une nuit dans un grand lit confortable ! Et les douches le lendemain, quel luxe 😉 , nous savourons . Encore merci à Claude et Elisabeth pour leur accueil si chaleureux.
Encore une matinée de travail très difficile avec Flora, je suis un peu désemparée et doute de nos choix et de ce voyage… Le temps est à nouveau maussade (ce qui n’arrange rien !), pause déjeuner au bord d’un lac où tout le monde peut se dégourdir les jambes, puis nous prenons la route de Cape Cod. Malheureusement il pleut, nous ne quittons pas la route principale et j’ai l’impression de passer complètement à côté de la beauté de cette presqu’île mythique. Nous arrivons chez Steve et sa femme Cathy, nos « boondockers », qui n’en reviennent pas que nous venions de si loin : ils pensaient que nous étions du Québec, et Steve ouvre des grands yeux en nous demandant si nous venons bien de « THE France ?? » 😃 . Ils sont très accueillants et nous donnent des conseils et brochures pour le lendemain.
Mardi 23 mai
Réveil avec le soleil, après une nuit pluvieuse, ouf. Travail le matin ; nous avons trouvé un compromis avec Flora : elle travaille bien dans la journée, et nous lui ouvrons la connexion internet le soir. Oui, ça ressemble fort à du chantage, mais voyons ça comme un échange de bons procédés. Et elle nous dit que ça la motive, alors allons-y !
Nous partons en fin de matinée vers le nord de Cape Cod, avec une 1ère pause sur une belle grande plage. Malgré le temps maussade, quel bonheur, la vue est magnifique. Nous pouvons constater que le recul du trait de côte existe également de ce côté de l’Atlantique, plusieurs maisons sont à la limite de la dune et paraissent en sursis. Nous remontons vers Provincetown, P-Town, le village le plus au nord de Cape Cod, qui nous a été conseillé par de nombreuses personnes. P-Town est réputé pour sa population en grande majorité homosexuelle, et son ambiance artiste et bohème, très gaie et colorée… Sûrement, mais pas aujourd’hui, hors saison et jour de pluie, c’est tout de suite beaucoup moins sympa, nous sommes un peu déçus. Nous repartons vers une grande plage, où les enfants peuvent se défouler, et où nous verrons des phoques ! Laurent voit le premier, et je dois avouer que j’étais assez sceptique, jusqu’à ce que j’en vois moi aussi. C’est tout simple, tout bête, mais ça nous met en joie et égaye cette journée si grise.
Le soir, nos hôtes boondockers nous invitent à passer un moment avec eux et un couple d’amis à eux qui sont en visite, autour du feu, dans leur jardin (je ne connais pas le terme, mais on en voit beaucoup chez les particuliers). Le temps de finir notre repas, ils sont déjà rentrés, mais nous passons la soirée avec eux. Les enfants sont gâtés, Cathy leur prépare des bols avec Brownies et glace vanille. Nous passons une agréable à soirée à parler de vins (français et américains), de politique (c’est un sujet qui arrive souvent très vite, les américains que nous avons rencontrés jusqu’à présent n’aiment pas Trump et tiennent à le faire savoir) et ils nous conseillent sur l’itinéraire de notre voyage. Nous repartons d’ailleurs avec un contact à Seattle, au cas où. Les enfants sont fatigués et en ont assez, j’en profite pour m’en aller avec eux, le cerveau un peu lessivé. La conversation était quand même bien moins fluide qu’avec Elisabeth, j’ai pris conscience de mes erreurs (conjugaison et prononciation) et j’ose moins (je pense aussi qu’Elisabeth, mariée à un français, est habituée à comprendre l’américain parlé à la française). Le bilan de cette première expérience de boondocking est très positif, nous recommencerons !
ade je n’imaginais pas que tu pouvais extérioriser tes sentiments à ce point, et quel style.J’attends les prochains épisodes comme la suite d’un feuilleton qui me passionne.
Bises à vous cinq
😉🐚🌅🌊😊