Mercredi 6 décembre, Tamasopo, Puente de Dios
Réveillés très très (trop) tôt par les coqs (ça change des chiens), nous réussissons à nous lever et prendre le petit-déjeuner pas trop tard, afin de travailler un peu avant de partir vers le fameux Puente de Dios, que plusieurs personnes nous ont chaudement recommandé. Mais assez vite, Noé et Elisa viennent nous chercher : il y a déjà deux ou trois mini-bus de touristes qui sont arrivés, autant aller tout de suite en excursion, avant qu’il n’y ait trop de monde. Pas trop renseignés sur les lieux et ce que nous allons voir, nous déclinons toutes les propositions de location de gilets de sauvetage, emportant simplement les brassards des plus jeunes… cela aurait dû nous mettre la puce à l’oreille pourtant, et nous réalisons arrivés en bas que lesdits gilets sont obligatoires 😉 . Le trajet en lui-même est assez sympa : première petite joie pour les enfants, nous devons suivre une voie ferrée, marchant sur les rails (et vu comme on les entend arriver de loin, aucun risque !). Puis nous descendons vers la rivière, à travers la forêt, et c’est très beau. Il y a plusieurs points de vue, qui donne sur la rivière, mais pas une simple rivière : ici, des creux, des grottes, des rapides.
Un courant très fort et des cordes pour permettre aux nageurs de ne pas être emportés : nous comprenons désormais l’intérêt des gilets ! Nous nous préparons et une première équipe part à l’aventure ! Je reste avec Ysée, qui n’a pas envie d’y aller ; il fait froid, cela lui fait un peu peur, je ne vais pas la forcer. Nous nous promenons en attendant, et admirons les courageux qui se jettent à l’eau. Et ça déménage ! Lorsque vient mon tour, je ne suis pas super rassurée 😉 , mais je plonge, et passe un très bon moment ! Mon passage préféré étant la traversée de la grotte sous-marine : le silence et la quiétude y sont très surprenants, entre le tumulte et le bruit des eaux à l’entrée et à la sortie, et la couleur des fonds est magnifique ! Malheureusement, il ne fait pas très beau ce jour-là, pas très chaud (les enfants, malgré leurs lèvres bleues et leurs claquements de dents, nous assurent pourtant que « non non ça va, on n’a pas froid » 😀 ) et nous n’y restons pas aussi longtemps que nous l’aurions voulu.
Après une jolie promenade et la remontée, il est bien tard, nous allons manger dans un petit restaurant tout proche. Comme souvent au Mexique, nous pouvons constater de visu que la préparation des plats est faite maison et à la demande : nous avons vue directe sur la cuisine et ce qui s’y passe. Ensuite, il est temps de prendre la route et de quitter cette belle région. A regret, car j’aurais aimé prendre le temps d’y trainer encore un peu plus. Ce bol de verdure et d’eau, d’immersion dans la nature et dans des coins plutôt reculés m’a énormément plus. Merci à Carlos, Clara et aux Nomad de nous l’avoir conseillé ! Mais le temps passe (et là, je sais que certains se moquent en me lisant 😉 ), et nous avons décidé de rejoindre les familles voyageuses françaises qui se réunissent pour passer les fêtes de fin d’années dans le Yucatan : c’est loin, nous avons encore beaucoup d’endroits que nous souhaitons voir avant, il nous faut avancer 😊.
Maintenant, direction El Tajin, un important site archéologique Totonaque. Nous hésitions à y aller, mais mon frère Cyril nous assure qu’il ne faut pas passer à côté : en sœur docile, je lui obéis 😉 . Nous sommes partis trop tard de Tamasopo, l’appli GPS (Osmand, plébiscité par de nombreux voyageurs, une cata pour nous) nous fait faire un détour, et nous nous laissons prendre par la nuit. Heureusement, les Escapades nous devancent et ont trouvé un parking d’hôtel qui fera parfaitement l’affaire. C’est dans le noir et sous la pluie que nous les rejoignons. La pluie !! Cela faisait bien longtemps que nous n’en avions pas vue… Et vous savez quoi ? Cela ne nous manquait pas ! Flora, qui s’était endormie, se réveille en pensant que nous sommes … en France ! Sur la route la nuit, avec de la pluie, c’est pas habituel pour nous au Mexique 😉 . Claudia, la femme de l’hôtel qui nous accueille, est charmante, et nous parle de la région (j’étais persuadée que la Huasteca était une petite partie de l’état de San Luis Potosi, c’est en fait une bien plus vaste région, qui s’étend au travers de 3 états : San Luis Potosi, Veracruz et Hidalgo. D’origine maya, elle vient de Merida, dans le Yucatan, et nous parle aussi de ses origines. Intéressant, j’arrive à comprendre, mais je suis incapable de parler réellement avec elle, et c’est très frustrant… Je me demande ce que ça fait de voyager dans des pays dont on ne parle pas du tout la langue, dans lesquels on ne peut échanger avec les habitants.
Jeudi 7 décembre
(Chaque jour, j’écris la date et j’ai du mal à réaliser que nous sommes au mois de décembre…)
Réveillés trop tôt par des coqs tarés qui ont des chants des plus bizarres : c’est aussi ça le Mexique, quand ce ne sont pas des chiens qui nous empêchent de dormir, ce sont des coqs 😉 . Avec Laurent, nous hésitons à partir directement, tant que les enfants dorment, mais Ysée étant réveillée, nous levons les deux autres, petit déj et on roule ! Il y a de nombreuses heures de route pour atteindre El Tajín, nous avions prévu de faire le trajet en 2 jours mais en partant tôt ça devrait être jouable (surtout que nous avions déjà avancé la veille) ; ainsi, nous visiterions vendredi et éviterions la foule des WE…
Journée sur la route donc, et quelle route ! La pire que nous ayons eu au Mexique (hors pistes of course 😉 ), le bitume complétement déformé, mais surtout des nids-de-poules impossible ! Et je ne parle pas des topes (dos d’âne, dont les mexicains sont tellement friands qu’on en retrouve partout), qui ici ne sont pas toujours signalés/visibles… Nos nerfs sont mis à rude épreuve. Le matériel aussi, une assiette fendue dans le tiroir, et le loquet de la porte du four qui casse. Laurent démonte le tout, le porte à un type qui fait des soudures, et hop, c’est réparé (pour la modique somme de 25 pesos, soit environ 1,25€…). Le temps n’est pas de la partie non plus, il pleut toute la matinée, et les nuages restent bien présents le reste de la journée. Nous sommes maintenant dans l’état de Veracruz (pas si loin du Golfe du Mexique, mais la mer n’est pas prévue pour tout de suite), et les paysages sont maintenant des petites collines avec des orangers à perte de vue (et c’est plutôt joli 😊 ).
Petite parenthèse itinéraire : Je suis en pleine réflexion pour les mois du printemps, et le début de l’été : puisque nous n’irons pas en Amérique du Sud, l’idée était de faire toute l’Amérique Centrale puis de repartir en France depuis Panama (le seul port de départ d’Am Centrale pour l’Europe). Sauf que (c’est toujours plus compliqué qu’on le croit), cela nous ferait finir le voyage en pleine saison des pluies, et l’idée de passer des journées (ou même des demi-journées) enfermées à 5 dans le camping-car, à regarder l’eau couler sur les vitres, ne m’enthousiasme pas plus que ça. Et aucune envie de finir le voyage sur une note négative ! Difficile d’en parler avec Laurent, qui ne se projette pas au retour et n’a pas envie d’en parler. Alors je réfléchis, j’essaye de trouver d’autres possibilités, ça se bouscule un peu dans ma tête (et dans des directions vraiment trop fofolles que je n’ose écrire ici 😉 ) (si quelqu’un a de bonnes propositions, je suis preneuse !). Finalement, nous convenons d’une solution plus raisonnable : une boucle depuis le Mexique jusqu’au Costa Rica, en passant par Belize, Guatemala (que je suis vraiment très impatiente de découvrir, ce pays a l’air d’être vraiment magnifique et devrait beaucoup nous plaire), Honduras, El Salvador et Nicaragua. Puis retour au Mexique, ce qui nous permettra de voir les endroits que nous n’aurons pas eu le temps de visiter (et de peut-être revoir les endroits qui nous auront le plus plu 😉 ). Le Mexique est un pays tellement beau (et tellement vaste : près de 4 fois la France) qu’il mérite qu’on s’y attarde un peu plus. Et le retour se ferait du port de Veracruz pour le camping-car (à moins que nous trouvions preneurs sur ce continent, ce qui nous éviterait de payer le shipping retour 😉 ). C’est tellement abstrait pour le moment, surtout que nous n’avons vraiment aucune idée de quand nous rentrerons, ça peut être mai comme août… (et si nous gagnons au loto, encore plus tard ? L’idée de prolonger le voyage nous plairait bien. Il faut juste commencer à jouer 😃 ).
Nous arrivons enfin sur le site d’El Tajín, qui va bientôt fermer. Une petite balade, histoire de voir les horaires et s’enquérir des prix, passage devant les très nombreux stands de souvenirs, puis nous revenons travailler un peu en attendant les copains. J’ai essayé de faire bosser Flora et Mathieu ce matin, mais cela s’est vite révélé mission impossible avec ces conditions de route.
Les Escapade nous rejoignent, et nous ne trainons pas trop ce soir : il faut être à l’ouverture demain, pour avoir tant que possible le site sans trop de monde 😉.
Vendredi 8 décembre, El Tajín
La nuit fut pluvieuse, et j’espère très fort en me réveillant que le soleil va revenir pour notre visite de ce fameux site… En vain !
C’est donc par une matinée pluvieuse ET glaciale (Laurent a dû aller récupérer dans un bac au fin fond de la soute nos blousons) que nous entrons sur le site de El Tajín. Pas le meilleur moment pour visiter ce site, mais nous n’avons pas trop le choix, et au moins, il n’y aura que nous ou presque 😉 .
Cité très importante entre le 10ème et le 13ème siècle de notre ère, l’ancienne capitale totonaque est la seule société urbaine qui se soit constituée dans cette région, à proximité du Golfe du Mexique. Assez importante, elle aurait compté jusqu’à 25 000 habitants ; si elle a survécu à la chute de Teotihuacán, elle est peu à peu tombée dans l’oubli et n’a été découverte par les espagnols qu’au milieu du 18ème siècle. Sa restauration a commencé en 1938, et une cinquantaine d’édifices ont été dégagés, ce qui représente à peine 10% des constructions, le reste étant détruit ou toujours enfoui dans la forêt. Parce que ce qui fait le charme des lieux, c’est aussi que El Tajín est niché au sein de collines recouvertes d’une luxuriante végétation tropicale. L’édifice le plus emblématique de cette cité-état est la Pyramide des Niches : c’est le seul à présenter cette particularité, 365 niches, une pour chaque jour de l’année, célébrant ainsi le calendrier solaire. Nous déambulons sur le site, avec l’impression d’être seuls… forcément, avec la pluie, il faut être motivé…
Les lieux sont superbes, et ça fait toujours de l’effet d’imaginer leur splendeur passée. Avec le soleil, ça doit être magnifique ! Nous montons vers la partie appelée El Tajjín Chico, surélevée et qui domine le site, c’est superbe. Les plus optimistes d’entre nous apprécient l’ambiance brumeuse, qui donne un peu air irréel à l’ensemble. Les enfants sont ravis de pouvoir courir dans tous les sens et s’inventer encore et encore des histoires. Il y a de nombreux chiens errants dans les parages, dont 3 qui vont nous suivre tout du long, pour le plus grand bonheur des enfants qui les intègrent dans leurs histoires.
Le froid et la pluie ont finalement raison de nous, et en fin de matinée nous nous dirigeons vers la sortie (dire que j’avais pensé y passer la journée !). Nous voulions assister à une représentation de la danse des voladores, une danse traditionnelle de cette région, très spectaculaire. Le principe ? En haut d’un mat de 30 mètres, 4 danseurs attachés par les pieds à de longues cordes, se jettent dans le vide et se laissent descendre en tournicotant autour du mat, mains tournées vers le soleil, jusqu’à atteindre le sol. Un musicien, assis en haut du mât, joue de la musique (flûte ou tambour). Chaque danseur effectue 13 tours, soit 52 tours en tout, ce qui correspond au nombre d’années séparant la rencontre des calendriers solaire et lunaire. C’est un spectacle très couru, et si à l’origine ce rite ancestrale était réservé à des célébrations religieuses et réalisé 3 fois par an, il est aujourd’hui répété plusieurs fois par jour pour les touristes. Sauf que par ce temps, cela reste assez incertain, nous attendons donc un petit moment.
Plus de photos sur El Tajin ici
Pendant que nous attendons la représentation des voladores, les enfants chahutent, et je vois Noé et Mathieu tomber en arrière sur une marche, mon Mathieu prenant l’arrête en plein sur l’arrière du crâne. Nous nous précipitons, et il y a beaucoup de sang (le cuir chevelu, ça saigne bien !). Angélique, infirmière, prend les opérations en main, nous rapatrions tout le monde vers les camping-cars et elle s’occupe de le nettoyer et de voir l’étendue des dégâts : une ouverture en V, les strip ou la colle ne suffiront pas, il faut aller faire des points à l’hôpital. Heureusement, nous sommes à une demi-heure d’une ville. Le temps de tout ranger et sécuriser dans les véhicules, et nous partons tous ensemble. Eudes va garder les 4 autres enfants au camping-car pendant que nous allons faire soigner notre petit blessé. Mon cœur de maman voudrait prendre sa douleur et sa peur. Finalement, 2 points de suture suffiront, et nous repartons manger au restaurant pour nous remettre de nos émotions (et nous réchauffer, il fait moins de 10° ! Dans cette zone tropicale où la température moyenne est de 35°, nous sommes très mal tombés!).
Nous reprenons la route. Nous sommes vendredi soir : si nous allons directement à Teotihuacán, nous visiterons samedi ou dimanche, et c’est exactement ce que nous voulions éviter. Ce site, très proche de Mexico, semble en effet être encore plus que les autres pris d’assaut les WE. Une petite plongée dans nos guides de voyage, et nous bifurquons vers une autre zone, assez peu touristique, de mines et de vieilles villes minières. Arrivés de nuit, nous nous garons en ville, sans trop savoir où nous sommes. Mais nous sommes de nouveau à + de 2 500 mètres d’altitude, il fait froid, la nuit promet d’être glaciale : heureusement que notre chauffage refonctionne miraculeusement !
Incroyable cette pyramide, jamais entendu parlé !!! Pour l Amérique centrale je préconise plutôt de se focaliser sur Guatemala et Nicaragua, voir un peu de Salvador et Honduras. Le Costa Rica ca coute une blinde, et c est hyper américanisé. Au Nicaragua t as des spots de ouf pour volcans, tortues, jungle, plages, faune et flore , c est beaucoup plus authentique et gens hyper sympas……