Mardi 12 septembre
Ce matin, nous devons passer à la laverie et surtout trouver de l’eau avant de récupérer Audrey, la nièce de Laurent, qui vient nous rejoindre pour 2 semaines. 1ère mission sans problème, galère pour la 2ème… Audrey arrive à midi et est assez en forme, malgré le décalage horaire (9h quand même !), pour aller faire un tour dans San Francisco. Nous retournons à Pier 39, admirer le spectacle des otaries, qui n’ont pas bougé d’un poil depuis l’autre jour (on ne s’en lasse pas !) . Le brouillard est bien présent aussi, impossible de voir le Golden Gate, quel dommage…
Devant le manque d’eau, la difficulté à en trouver, et surtout l’itinéraire qui nous attend pour les 15 jours, nous décidons de quitter SF tout de suite, nous arrêtant pour la nuit dans le Anthony Chabot Regional Park. La route est longue avant d’y arriver, mais nous y sommes bien tranquilles !
Mercredi 13 septembre
Nous profitons des douches et de l’eau dans le camground, avant de partir direction Yosemite. Nous atteignons le National Park en fin d’après-midi, passage habituel au visitor center, tous les campings affichent complets ! En pleine semaine, au mois de septembre, je n’y pensais pas ! Nous faisons un petit tour, puis repartons vers un point iOverlander (Stanilaus Boondock), situé peu après une des sorties du parc, dans la Nationale Forest qui l’entoure. Pas trop le choix de toute façon. L’une des choses que nous avions appréciées au Canada : une plus grande tolérance pour les stationnements de nuit quand les campings sont complets, où l’ouverture de parkings overflow. Ici, pas de place de camping = refaire des dizaines de miles pour ressortir du parc, et le chemin inverse pour revenir le lendemain.
L’endroit est bien au calme, mais très poussiéreux, il y en a vite partout. Après la chaleur de la journée (sur la route), nous sommes en altitude, le soleil s’est couché bien tôt, et nous avons froid ! Nuit pas terrible, entre le froid (7°, dans la tente), un pipi au lit d’Ysée à gérer au milieu de la nuit (et autant vous dire que côté draps supplémentaires ou couvertures, quand nous sommes à 6, il n’y a pas grand-chose), et surtout les cris des coyotes ! Je pensais qu’il s’agissait de gens qui faisaient la fête plus loin, j’apprendrai le lendemain que les coyotes font ce genre de tintamarre : incroyable mais vrai !
Jeudi 14 septembre, Yosemite National Park
Je suis de bien mauvaise humeur ce matin, tout me gonfle, j’ai envie de rentrer chez moi… Et oui, parfois, on en a marre en voyage, même si tout paraît rose vu à travers le prisme des photos et d’internet 😉 . Nous repartons dans Yosemite, et allons directement au service registration pour réserver un emplacement de camping pour le soir : nous étions bien optimistes, il n’y a pas de places pour le moment, on nous inscrit sur liste d’attente, et c’est à 15h que nous saurons si nous avons une place. Très pratique pour s’organiser. Un coup de navette (comme à Bryce et Zion, un système de navettes est mis en place pour désengorger certaines parties du parc. Très régulières dans les deux premiers, ici nous devons attendre un bon moment) et nous empruntons le sentier vers le Mirror Lake. Au détour du chemin, nous croisons une famille française avec 3 enfants : la Nomad Family ! Nous avions échangé un peu par mail, mais je n’avais pas du tout capté qu’ils pouvaient être dans les parages, et pensais les trouver au Mexique en octobre. Nous échangeons un petit moment, les enfants faisant les timides de part et d’autre, puis convenons de nous retrouver à 15h, en espérant avoir une place et pouvoir ainsi passer la soirée ensemble. Et oui, quand deux familles voyageuses se rencontrent, elles ont envie d’en profiter 😊 . Le courant passe bien, je nous sens pas mal de points communs, et voilà ma mauvaise humeur qui s’envole ! Nous reprenons le trail, arrivons au Mirror Lake : jolie promenade, mais franchement rien d’exceptionnel… Nous pique-niquons et redescendons, navette et nous retrouvons les Nomad sur le parking. La timidité des enfants s’envole grâce aux jeux de société et livres, nous les laissons sous la surveillance d’Audrey. Au terme d’un suspens insoutenable (: roll :), nous n’avons pas de place de camping pour le soir, et nous décidons très vite de passer la nuit au même point que la veille, malgré la bonne heure de route qui nous attend.
Pour finir l’après-midi (bien entrecoupé par cette histoire d’être au bureau registration à 15h), nous allons visiter le village indien et le musée qui s’y rattache, très intéressant (nous sommes impressionnés par la qualité des paniers qu’ils confectionnaient), puis de nouveau passage au visitor center pour revoir quelques panneaux et vitrines explicatives, courses, et nous retrouvons Manue, Alex et les enfants. Cette fois, plus la moindre réticence, les enfants s’amusent tous, s’échangent jouets, livres et doudous. C’est amusant, ils jouent ensemble à « géométrie variable », pas toujours les mêmes les uns avec les autres, ça tourne. Pendant ce temps, apéro qui s’éternise, repas à rallonge, une fois les enfants couchés nous finissons la soirée transis mais heureux. Ça fait du bien 😊 !
Vendredi 15 septembre
Ce matin, nous trainassons tous, pas d’école pour les enfants : d’un commun accord, nous les laissons profiter d’avoir des copains français 😉 (et ils reviennent tous plus poussiéreux et heureux les uns que les autres). Seule Flora est courageuse et se met devant une leçon de maths (bon, à nouveau, les enfants sont tous plus petits qu’elle, donc pas marrant… j’espère que nous croiserons une famille avec des grands). Aussi peu motivés à bouger les uns que les autres, nous restons déjeuner ensemble avant de nous quitter. Nous les retrouverons avec plaisir en Baja dans quelques semaines j’espère 😊 .
Nous reprenons la route vers le Yosemite valley village : j’ai l’impression de passer toujours par les mêmes endroits, et c’est certes beau, mais vraiment rien d’exceptionnel. Après les parcs des rocheuses, ceux de l’Utah, serions-nous devenus exigeants ? 😉 . Nous faisons la petite promenade vers les Yosemite Falls, les plus hautes chutes d’eau d’Amérique du Nord, mais elles sont sur 3 niveaux, et sur ce sentier nous ne pouvons voir que la dernière cascade (et la rando pour monter est trop longue et difficile pour nous maintenant).
C’est avec l’impression d’être passés à côté de la beauté de ce parc, pourtant très réputé, que nous prenons la route vers la sortie. Nous sommes restés cantonnés dans une partie du parc, trop de miles pour aller vers les autres, et surtout trop de problèmes pour trouver où dormir ; peut-être que les autres zones valaient plus le détour, nous ne le saurons pas cette fois. Et finalement, c’est peu de miles avant cette sortie que nous voyons enfin le panorama mythique de Yosemite, éblouissant et majestueux.
Nous sommes en route vers les Parcs King’s Canyon et Sequoia, et trouvons un parking où passer la nuit pas loin de la route. Pas le plus bel endroit, mais vu l’heure, ça dépanne bien.
Samedi 16 septembre, Kings Canyon
Nous repartons sans trop tarder, pressés d’arriver dans les parcs. Kings Canyon et Sequoia sont 2 parcs joints, sur le flanc ouest de la Sierra Nevada, et sont réputés pour les séquoias géants, qui comptent parmi les plus grands arbres sur Terre. Et nous y découvrons des paysages magnifiques ! Ces parcs sont en grande partie sous la neige dès le mois d’octobre, et la plupart des infrastructures ferment. Depuis début septembre, il n’y a plus de navettes et de nombreux campings sont fermés ; le peu qui restent ouvert sont pleins.
Heureusement, ces parcs sont entourés de forêts nationales, où nous trouvons de la place pour dormir (au Princess Campground !). Il y a un petit trail qui part du camping, nous passons près d’une prairie jaunie (ça devait être très beau au printemps !), et pouvons admirer d’énormes souches de séquoias. Assez incroyable et totalement fascinant de voir la taille des souches, tellement inimaginable quand on ne connait « que » nos arbres de France. Bon, il faut aimer les arbres, mais nous sommes ravis de cette balade.
Retour au camping-car, les enfants s’installent pour travailler leur livret de Junior Ranger. Le soir tombe très tôt, nous prenons l’apéro autour d’un bon feu, et ce n’est pas du luxe, il ne fait pas chaud du tout (nous sommes à + de 2 000m encore). Ce soir, c’est Audrey et Flora qui dorment sous la tente, et elles vont avoir bien froid….
Dimanche 17 septembre, Kings Canyon
Nous allons vers l’extrémité du Canyon. Très étrange ce parc, il y a d’abord une petite partie, par laquelle nous sommes entrés, avec un visitor center et les infrastructures d’accueil, puis de la nationale forest, et à nouveau le national park. Bref, nous pouvons contempler depuis le haut de superbes paysages, et Audrey est ravie de les découvrir : son enthousiasme fait plaisir à voir 😊 ! (et je me sens moins seule à m’extasier sans cesse 😀 ). Quelques arrêts, pique-nique et petit trail, la routine, mais en pleine nature avec si peu de monde, le bonheur 😉.
Nous repartons et nous arrêtons dans une première forêt de séquoias géants : si nous étions déjà impressionnés par les souches de la veille, les arbres qui se dressent devant nous sont incroyables… De séquoias en séquoias, nous sommes éberlués, difficile de savoir lequel est le plus grand tant ils nous paraissent tous immenses. Il y en a un à terre, tombé vers 1910 il me semble, que nous pouvons traverser comme dans un tunnel, c’est assez fou… Nos pas (et le sentier 😉 ) nous mènent vers le nommé General Grant, le 2ème arbre le plus important du monde en volume (et le plus grand pour la circonférence de la souche, 30 mètres !). Plein de petites comparaisons amusantes sur le panneau descriptif (s’il était un réservoir de carburant, une voiture pourrait faire 350 fois le tour de la Terre sans s’arrêter, si on le remplissait d’équipements de sport, on pourrait y mettre x millions de balles de tennis de table, etc). Nous restons dans cette forêt un bon moment, difficile de se lasser ici.
Nous quittons ensuite le parc de Kings Canyon et passons par la nationale Forest pour atteindre Sequoia NP. Pour cela, nous empruntons la highway des généraux : celle-ci relie l’arbre General Grant (dans Kings Canyon) au General Sherman, le plus gros arbre du monde (toujours en volume). Ces deux séquoias géants portent le nom de 2 des principaux généraux de la Guerre de Sécession 😉 . Bivouac dans la forêt (et nous ne sortons même plus la tente, nous ne sommes pas équipés pour des températures si basses !).
Lundi 18 septembre, Sequoia National Park
Nous rejoignons le Sequoia NP et allons au visitor Center (remise des livrets Junior Ranger, serment, badge, la routine). L’expo à l’intérieure est intéressante, beaucoup d’infos sur ces arbres, éléments scientifiques et historiques, les conséquences de leur découverte par les explorateurs européens au milieu du 19è siècle, leur nécessaire protection maintenant. Nous y apprenons ainsi que de très nombreux séquoias ont été mis à terre, c’était presque un concours à celui qui ferait tomber le plus gros. La mode était de découper des « tranches » de ces arbres, pour les envoyer en divers endroits, notamment pour l’exposition universelle de Chicago 1893. Un mouvement œuvrant pour la protection de ces arbres, dirigé par John Muir, a obtenu que la majeure partie de ces forêts soit protégée, par la création de National Parks et Forests.
Les séquoias géants comptent parmi les plus gros arbres du monde (toujours en volume, pour la hauteur ce sont les séquoias sempervirens, sur la côte californienne, plus fins et plus hauts), et ne poussent que dans cette zone très spécifique de la Californie, sur une bande de 300 km de long sur le flanc ouest de la Sierra Nevada. C’est en effet à cet endroit, et nulle part ailleurs, que tous les éléments sont réunis pour permettre à ces géants de grandir et vivre aussi longtemps : altitude entre 5 000 et 7 000 pieds, courants d’airs chauds remontant depuis la côte Pacifique, sol idéal, des étés chauds et des hivers froids et enneigés (et je ne sais plus quoi d’autres 😉 ). Pour ce qu’en savent les spécialistes, ces séquoias ne meurent pas de vieillesse, ils n’ont pas d’espérance de vie limitée : ils meurent parce qu’ils tombent. Et ils tombent à cause de l’érosion du sol et de leurs racines, relativement peu profondes (par rapport à leur taille), en général lors de grandes tempêtes. Le feu, élément qui habituellement fait peur, pour nos forêts françaises, est ici élément nécessaire et même essentiel à ces séquoias : entourés d’une écorce très épaisse (jusqu’à 60 cm) qui contient beaucoup de tannins, ils ne craignent pas les flammes. Les incendies permettent de brûler la végétation basse, rendant ainsi le sol bien plus riche en éléments nutritifs nécessaires à leur croissance (cela se remarque d’ailleurs sur les tranches des troncs : les anneaux des années suivant les feux de forêt sont bien plus larges que les autres. De plus, c’est la chaleur des flammes qui va permettre l’ouverture des pommes de pins et la libération des graines, permettant à l’espèce de se perpétuer et développer.
Passage au Museum of Giants, petit et pas passionnant, et nous nous renseignons pour les trails. Malheureusement pour nous, beaucoup de parkings/routes sont réservées aux véhicules plus petits que notre camping-car, et les navettes permettant d’y aller ne sont plus en circulation depuis début septembre ! Je suis très déçue, plusieurs sites me tentaient bien…
Balade dans la Forêt des Géants : indescriptible, et impossible de rendre en photos l’immensité et la beauté de ces arbres. C’est tout simplement stupéfiant, et nous adorons tous. Dire que la plupart de ces arbres sont vieux de plusieurs centaines voire milliers d’années… Nous avions aimé la promenade d’hier, nous sommes encore plus impressionnés par celle-ci. Et comme toujours, dès que nous sortons du sentier facile et classique, dès que nous allons un peu plus loin, nous en prenons encore plus plein les yeux…
Sur le chemin du retour, quelle bonne surprise, nous croisons un ours ! Joie, ça faisait longtemps, et surtout nous n’avions pas encore vu beaucoup d’animaux avec Audrey. Et nous pouvons bien l’observer, un long moment, tout occupé qu’il est à fouiner dans le tronc d’un arbre. Encore une chose dont on ne se lasse pas 😉. Tout en restant prudent (nous ne nous approchons pas, gardant une bonne distance de sécurité, et restons discrets et à couvert des arbres), nous ne sommes plus aussi « peureux » et prenons maintenant le temps d’observer les ours, quand les conditions s’y prêtent comme aujourd’hui (alors que les premières fois, nous nous éloignions rapidement).
Nous quittons ce parc national, le cœur un peu gros, nous savons que c’était notre dernier (pour cette fois 😉 ). La route pour en partir vers le sud est interminable et tourne sans cesse, épuisante pour le conducteur et nos estomacs. Nous avions eu froid les dernières nuits ? C’est vite oublié, nous retrouvons la chaleur écrasante de la plaine !